Le ministre de la Justice et des droits de l’homme poursuit sa tournée à l’intérieur du pays pour s’enquérir des réalités des prisons dans le pays profond. Alphonse Charles Wright était ce lundi 23 janvier à Macenta. Il a lancé à cette occasion la construction d’une prison civile dans cette localité, à titre d’urgence.
Le ministre a réitéré sur la ferme volonté du département qu’il dirige à doter Macenta d’une prison moderne dans un bref délai. Face à la triste réalité qu’il dit avoir amèrement constaté sur place, Charles Wright annonce avoir entrepris des mesures urgentes pour répondre au besoin de la population.
« Il faut dire avec amertume que ce sont les locaux de la gendarmerie et de la police qui servent de lieux de détention tant pour des personnes incriminées que des condamnés. Cette situation qui n’obéit au respect des droits des détenus et teintée de corruption par des agents pénitentiaires… Il fallait tout de suite réagir. J’ai dit au préfet et au maire, de nous permettre de prendre une mesure urgente. Et cette mesure va être en 2 semaines de doter cette préfecture d’une maison pénitentiaire. Donc, on va doter ce site d’un forage, dans deux ou trois semaines, Macenta va avoir sa prison», rassure le ministre.
Alphonse Charles Wright n’a pas envie de basculer dans une sorte de critique inutile de ses anciens prédécesseurs à la tête du département de la justice. L’ancien procureur de Conakry pense que le plus important c’est d’agir pour le bonheur de la population.
« Ça ne sert à rien de dire que les autres n’ont rien fait, qu’est-ce que nous devons faire pour que la situation change. On a déjà un contrat avec une grande entreprise, toutes les formalités de l’appel d’offres sont finies, mais en attendant que cela ne soit validé par le ministre de l’économie et des finances, on ne peut pas passer sous silence ce désastre humain qui se passe à Macenta ».
Dans plusieurs maisons d’arrêts visités, le ministre de la justice se dit outré par les conditions carcérales des détenus, qu’il s’engage d’ailleurs à corriger. «Une prison doit permettre à un détenu d’avoir un espace lui permettant de faire ses exercices sportifs, lui permettant de prendre un bain pour avoir la vitamine D. La vitamine D ne se gagne pas seulement qu’à travers les aliments, mais par les rayons du soleil que l’être humain a besoin. Lorsque le détenu est enfermé 24h/24, il n’a pas un espace lui permettant d’avoir un petit temps où il doit avoir une liberté… »
Charles Wright dit avoir trouvé des personnes paralysées au vu et au su des régisseurs qui ‘n font des détenus, un fonds de commerce. « Des personnes qui ne peuvent plus tenir sur leurs jambes. Vous ne pouvez pas comprendre que des régisseurs que nous avons mis là depuis des années, ils sont devenus des commerçants, chaque détenu constitue un fonds de commerce pour eux, c’est comme si c’est la règle sur toute l’étendue du territoire. C’est pourquoi j’ai dit que désormais l’équation est simple, on te prend, on te juge, on te condamne et on te place dans les mêmes conditions », prévient le ministre.
Il noté que le ministre a limogé les deux régisseurs de Macenta après avoir constaté plusieurs anomalies dans leur gestion. Notamment des prisonniers ont expliqué au chef du département de la justice qu’ils ont droit à un seul bain par mois.