La manifestation du Fndc s’est soldée par deux morts, des blessés et plusieurs arrestations parmi les citoyens. Le président de l’Organisation guinéenne des droits de l’homme (OGDH) déplore cet état de fait et pointe du doigt l’intervention de l’armée dans le maintien de l’ordre public. Souleymane Bah réagit également sur la déclaration du ministre Mory Condé qui menace de suspendre certains partis politiques. Lisez!
Guinee360.com : Comment réagissez-vous à la déclaration du ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation ?
Souleymane Bah : Je crois que cette déclaration du ministre n’est pas normale. Pourquoi depuis la prise du pouvoir par l’armée, en septembre 2021, on parle de paix et de lutte contre la violence? Pendant que nous nous sommes en train de mettre ça en œuvre à l’intérieur du pays, on prend des décisions qui irritent la population et qui l’offensent. Nous ne sommes pas d’accord avec ça. (…) En tant que défenseur des droits de l’homme, nous trouvons ça contradictoire et aberrant. Le droit à la manifestation est reconnu par la Charte de la transition. On ne doit pas sanctionner les partis politiques à cause de ça, ce n’est pas juste.
On a écouté les populations et tout le monde converge sur le fait que c’est les gouvernants qui sont en train de créer la zizanie dans le pays. Tout le monde est unanime. Il faut que le gouvernement apaise la situation, qu’il prenne des décisions qui apaisent la situation. Seulement la force ne peut pas arranger un pays.
En quoi la suspension des partis politiques ne serait-elle pas une bonne solution ?
Le Fndc a été suspendu oui ou non ? Est-ce qu’il ne manifeste pas actuellement ? Malgré tout, il y a des tueries, des blessés par balles et des arrestations. Malgré la dissolution du FNDC, il est en train d’agir et il est fort dans le pays. La solution ce n’est pas de dissoudre, mais d’essayer de mettre fin à cette violence d’État.
Pourquoi dans sa déclaration, le gouvernement n’a pas fait mention des cas de morts, selon vous ?
C’est parce qu’il n’a pas de considération pour la vie humaine sinon, il allait commencer par condamner ce qui s’est passé. Le fait d’utiliser l’armée pour le maintien de l’ordre est une violation très grave, elle n’est pas indiquée pour le faire. Le maintien de l’ordre est dévolu à la police et à la gendarmerie. Lorsqu’on parle, ils disent non, la police et la gendarmerie sont faibles.
L’autrefois, vous vous rappelez lorsque la police à fait une déclaration pour dire que l’intervention de l’armée leur crée d’énormes problèmes. Elle tue et on accuse la police et la gendarmerie. Aujourd’hui à Gaoual ou je suis actuellement, le convoi du chef d’état-major général des armées qui est en train de faire une tournée à travers les garnisons militaires du pays et venu ici avec un cortège armé jusqu’aux dents. Quand ils ont traversé la ville, tout le monde avait peur. (…)
Il n’a pas le droit d’exhiber leurs mitraillettes devant les gens parce qu’il les effraie. Ce n’est pas normal et nous sommes contre ces pratiques.