S’il y a un secteur dans lequel les autorités actuelles du pays ont séduit les Guinéens à la suite de la prise du pouvoir par le CNRD sans le moindre effort, c’est bien sûr dans celui de la justice.
Après le changement du régime intervenu le 5 septembre 2021, la junte au pouvoir s’est résolument engagé à redonner à l’appareil judiciaire guinéen l’image d’une justice indépendante.
Et cela s’est traduit par l’ouverture du procès lié aux événements du 28 septembre 2009 qui dormait dans les tiroirs de l’État guinéen depuis plus de 10 ans.
Annoncée comme “boussole” de la transition qui va guider les actions de chaque citoyen, la justice est devenue au fil du temps la plus grosse déception de l’année.
Neuf mois après l’ouverture du procès du 28 septembre, il a fallu que les avocats de la défense exige une “aide juridictionnelle” pour les accusés et un minimum de confort leur permettant d’exercer dans la salle d’audience pour que le procès soit suspendu.
Le ministre de la Justice qui a été au four et moulin pour que le procès s’ouvre reste intraitable sur les réclamations des avocats.
“Ils ne peuvent pas demander à l’État ce qu’ils ne peuvent pas obtenir”, a tranché Charles Wright qui ne veut pas entendre d’une quelconque réclamation. Il n’exclut d’ailleurs pas de les faire remplacer par des avocats commis d’office.
Selon plusieurs observateurs, c’est justement ce discours au ton menaçant du ministre de la justice, lui-même magistrat, face à des avocats qui n’entendent pas reculer, qui constitue le blocus.
Face à cette situation, Mister Charles devrait plutôt utiliser un langage diplomatique et rassurer les avocats de la défense. Tant pis pour les victimes et leurs familles qui espèrent être rétablis dans leurs droits après plusieurs années de patience. Tant pis pour les défenseurs des droits de l’homme et la communauté internationale qui ont salué une avancée par rapport à la lutte contre les crimes contre l’humanité.
Par contre, si la situation reste en l’état, c’est la Cour pénale internationale (CPI) qui aura eu raison sur la justice guinéenne. Dès au début, la CPI avait exprimé des doutes sur la capacité de la Guinée d’organiser ce procès.
Aujourd’hui, force est de reconnaître que le ministre de la justice est arrivé au point de non retour. Il ne peut ni avancer, ni reculer avant de répondre aux réclamations des avocats.
D’ailleurs, le Barreau de Guinée a pris fait et cause pour les avocats de la défense tout en invitant au ministre Charles de “revoir sa position”
Face à l’intrangiseance des avocats et le réfus catégorique du ministre de la Justice qui pourrait résoudre cette crise?