Lors d’une conférence qu’il a animée le 6 février 2025 à Conakry, le président du parti Bloc Libéral (BL) a exhorté l’actuel Premier ministre, Bah Oury, à demander pardon au capitaine Moussa Dadis Camara.

Faya Millimouno justifie cette démarche par le fait que Bah Oury, qui a été président de la commission d’organisation de la manifestation du 28 septembre 2009 contre la candidature du président du CNDD de l’époque, soutient aujourd’hui celle de Mamadi Doumbouya.

Une prise de position qui suscite des interrogations chez de nombreux observateurs, estimant que le leader du BL n’est pas la personne la mieux indiquée pour donner un tel conseil à Bah Oury.

Bien que sa position face à la gestion de la transition actuelle semble évoluer pour des raisons que lui seul maîtrise, Faya Millimouno s’est néanmoins montré favorable à la candidature de Doumbouya. Pourtant, il s’était opposé à celle du capitaine Dadis en 2009 dans des conditions similaires.

Suite à l’avènement des militaires au pouvoir après le coup d’État contre Alpha Condé, Faya Millimouno faisait partie des leaders politiques considérés comme proches du CNRD. Il a assumé son soutien aux actions de la junte et le revendique à chaque occasion.

Alors que les autres leaders de l’opposition se battaient pour exiger le respect des dispositions de la Charte de la transition, Faya Millimouno et certains acteurs politiques prenaient part à toutes les activités organisées par les autorités, y compris le cadre de concertation, boudé par une bonne partie de la classe politique.

Faya Millimouno doit-il aussi demander pardon à Dadis ? Qu’est-ce qui explique son revirement ? Des questions qui restent ouvertes.
D’aucuns estiment que la radicalisation du leader du BL est due à sa frustration de ne pas avoir bénéficié d’un décret du chef de l’État actuel. Quoi qu’il en soit, Faya Millimouno est mal placé pour donner des leçons à Bah Oury ou à tout autre cadre guinéen qui soutient la candidature de Mamadi Doumbouya. Tout porte à croire que ses récentes sorties contre la transition n’ont rien à voir avec une quelconque conviction, mais relèvent plutôt d’une stratégie de repositionnement et d’adaptation aux réalités politiques du moment.

En tout cas, rien ne garantit que si Faya Millimouno avait obtenu un poste au sein de l’administration du CNRD, il ne serait pas aujourd’hui en train de déployer toute son énergie pour convaincre les Guinéens d’accepter la candidature de Doumbouya, à l’instar de certains ministres actuels.

Le Premier ministre Bah Oury n’a pas encore réagi aux déclarations du leader du Bloc Libéral. Il poursuit actuellement sa tournée à l’intérieur du pays dans le cadre de l’immersion initiée par le président de la transition.