En Guinée, comme dans de nombreux autres pays de l’Afrique, il y a des activités qui sont traditionnellement «masculins». C’est le cas des bouchères qui consiste entre autres à revendre de la viande. Il est très rare de voir des guinéennes exercer cette «activité d’hommes». À Conakry par exemple au marché Niger certaines femmes ont décidées d’aller à l’encontre des normes établies .
Rencontré ce vendredi 9 octobre 2020 au marché Niger, Aissatou Bella Sow l’une des femmes bouchères qui ont choisi d’exercer cette activité qui n’attire pas encore beaucoup de femmes, nous donne les raisons qui l’ont poussées à faire cette activité.
«Je n’ai pas choisi d’être bouchère, depuis mon bas âge je le pratiquais avec mes parents . Aujourd’hui ils sont tous morts et je continue dans ce commerce de viande. Mon mari est aussi décédé donc je suis obligée de travailler pour subvenir aux besoins de ma famille. Mes enfants sont encore jeunes et ceux qui ont grandi n’ont pas de travail consistant c’est pourquoi je pratique cette activité sinon je suis malade, mais mes enfants n’ont rien» :
«Ce commerce ne me passionne plus depuis la mort de mes parents, aujourd’hui c’est grâce à çà que j’arrive à joindre les deux bouts malgré les nombreuses difficultés que nous rencontrons à savoir : le prix élevé de la viande qui se justifie par le mauvais état des routes, la pandémie du covid-19 qui bouleverse le pays . Et si tu revends tu n’as presque pas de bénéfice donc je le fais juste pour que nous avoir de quoi manger».
Contrairement à Aissatou Bella Sow cette autre femme qui s’est exprimée sous anonymat affirmé qu’elle s’est lancée dans ce commerce par nécessité.
«Depuis la mort de mon mari en 1984, je suis dans la vente de la viande. À l’époque on prenait la viande à 225 francs silys le kilo, pendant cette période on partait à l’abattoir et on choisissait lui-même les bœufs . Après les militaires a pris le pouvoir ils nous ont empêchés nos femmes de revendre la viande mais comme ils ont vu qu’on s’entêtait à revendre ils nous ont laissé . cette troisième (3ème) république est venue et cela fait plus de 5 ans qu’on ne met plus pieds dans un abattoir Parce que maintenant les abattoirs n’existent presque plus on égorge n’importe comment. Donc s’est devenu un véritable casse-tête pour joindre les deux bouts»
Les premières années ont été pénibles. Car elle devait faire face aux regards et aux commentaires désagréables des gens.
«Au début c’était un peu gênant avec les regards des gens, mais après toutes ces années plus rien ne me dérange, le seul objectif que je me fixe c’est de subvenir aux besoins de mes enfants qui ne comptent que sur moi seule», se confie elle fièrement
Pour finir, ces femmes sollicitent l’aide des autorités pour améliorer l’état des routes afin que le prix des bœufs soit à la baisse.