Comme on le dit couramment, le chef n’est pas souvent mauvais, c’est plutôt son entourage qui contient des éléments toxiques.
De l’avis de plusieurs observateurs, cette affirmation reflète parfaitement la réalité actuelle de la transition guinéenne.
Le Colonel Mamadi Doumbouya, apparu comme un sauveur, le 5 septembre 2021, dans un contexte où les Guinéens étaient résignés face au régime Condé, avait promis de rompre avec les mauvaises pratiques comme la corruption, le détournement, les violations des droits de l’homme et le régionalisme qui ont été érigés comme mode de gouvernance sous les précédents régimes.
Les Guinéens dans la plus grande majorité avaient applaudi parce qu’il le fallait, mais sans se rappeler du principe qui dit qu’un bon démocrate n’apprécie jamais un coup d’État.
Près de deux (2) ans après, l’espoir s’est transformé en désespoir. Les actes posés trahissent les engagements de départ.
Et ce n’est pas tout ! A observer la tournure des événements au sein de l’administration, ces derniers temps, l’on est tenté de croire que le Colonel s’éloigne peu à peu de son objectif principal celui de sortir la Guinée et les Guinéens de l’ornière.
En plus de la lenteur dans le processus d’exécution du chronogramme de la transition, il y a aussi des discours va-t-en guerre contre des acteurs politiques et de la société civile présentés comme des ennemis jurés de la junte au pouvoir.
La communication à l’allure propagandiste faite autour du déplacement du Colonel Mamadi Doumbouya vers la Turquie laisse penser qu’il y a des personnes aux alentours du palais Mohamed 5 et ailleurs dans le gouvernement qui prônent le prolongement de la transition.
Ils font semblant de travailler pour la réussite de la transition alors qu’ils veulent pousser le président à l’erreur.
Ils ont fait croire au Colonel qu’il peut ôter la tenue, s’habiller en costume et cravate pour honorer la Guinée et prouver le contraire à ceux qui pensaient qu’un déplacement vers un pays étranger est impossible parce qu’il n’aurait pas la situation en main.
C’est pourquoi, ils ont travaillé dur pour mobiliser des jeunes à l’occasion de son retour d’Ankara afin qu’il bénéficie d’un accueil chaleureux dès sa descente de l’avion.
C’est les personnes de même comportement qui avaient soufflé aux oreilles du capitaine Moussa Dadis Camara en 2009 que personne ne naît militaire et qu’il pouvait, s’il désirait de se présenter à l’élection présidentielle en dépit de l’engagement qu’il avait pris avec le peuple de Guinée. La suite, on la connaît.
Dans l’entourage du chef, il y a des bons et des mauvais. Mais c’est toujours les derniers qui dominent, pas parce qu’ils sont plus forts en argument, mais parce qu’il est souvent facile de « s’aventurer vers le chemin interdit en démocratie » pour reprendre l’ancien président de la Cour constitutionnelle, feu Kelefa Sall.
Beaucoup d’entre eux souhaiteraient continuer à bénéficier des privilèges du pouvoir et puiser dans les caisses de l’État.
C’est au Colonel de prendre ses responsabilités, réécouter son discours du 5 septembre 2021 pour éviter le même sort que l’ancien président du CNDD dont le procès se tient actuellement pour les crimes commis au stade du 28 septembre 2009.