Dans cette interview accordée à Guinee360, le secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) s’est exprimé sur la rencontre entre le Premier ministre et les responsables des associations de presse et la mise au chômage technique de plus de 70% des travailleurs du groupe Hadafo médias. Sékou Jamal Pendessa estime que “Bah Oury est passé à côté” en ne rencontrant que les patrons de médias.
Guinee360.com : Comment le SPPG a accueilli la nouvelle annonçant l’envoi de plusieurs employés du groupe Hadafo médias en chômage technique ?
Sékou Jamal Pendessa : C’est une nouvelle difficile parce que le SPPG s’est battu depuis des mois à travers des courriers et de rencontre avec l’ex-ministre de la fonction publique, mais qui n’avait pas beaucoup de marge de manœuvre. Il y avait une coalition plus forte qui a pu convaincre le président de la transition sur la base de mensonges, ils ont continué à restreindre les médias. Donc, nous, on voyait cela venir, on avait alerté, on avait dit aux autorités d’arrêter puisque des emplois sont menacés. Malheureusement, on n’a pas été écouté. J’avais dit à tout le monde que la menace était là et qu’il fallait qu’on arrête. Aujourd’hui, des pères de famille sont au chômage. Les gens ont terni l’image de cette gouvernance du CNRD, nous on cherchait à aider le général à sortir par la grande porte, malheureusement, ils l’ont conduit vers une grosse erreur. Parce que l’histoire retiendra que c’est en son temps qu’on a assisté à la destruction des emplois dans les médias de cette envergure.
Les patrons de presse ont eu un tête à tête avec le Premier ministre autour de la situation que traverse la presse privée. Que pensez-vous de la démarche de Bah Oury?
Je doute très fort parce qu’il répète les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. On a toujours fait croire aux autorités que le problème de la presse peut être résolu seulement avec les patrons, ce n’est pas possible. Le groupe des patrons est une minorité. Quand on parle de la corporation, ce sont les employés, nous sommes plus nombreux qu’eux et c’est nous qui exerçons effectivement le métier. Eux, ils n’exercent pas, certains d’entre eux ne sont même pas du domaine. Il y a des hommes d’affaires, des religieux, des politiciens qui ont créé des médias. Mais pour résoudre le problème s’il faut choisir un seul camp ça ne marchera pas. Et s’il faut choisir un seul camp, il faut choisir les employés donc choisir le Syndicat. S’il ne rencontre que les patrons, nous lui garantissons qu’il n’aura pas la même lecture de la situation et qu’ il n’aura pas la bonne solution. Il va encore entretenir la crise, dans tous les cas, nous rappelons et lui et les patrons qu’aucun engagement ne pourra être signé là-bas au nom de la presse et que celui-ci engage les journalistes et les techniciens alors que leurs représentants légaux n’y ont pas pris part. Ils parlent d’un mémorandum là-bas, nous n’avons pas pris part à son élaboration, nous ne connaissons même pas son contenu, ils ne vont pas aller vendre notre métier comme ça, c’est pas possible. D’ailleurs, le nouveau Premier ministre, nous pensons qu’il fait exprès. Bernard Goumou on pouvait dire qu’il est étranger à la presse, mais Bah Oury connaît la presse dans les détails, il sait qu’il y a des composantes, s’il se permet de ne rencontrer que les patrons, nous disons qu’il est passé à côté.
Les mêmes acteurs de médias ont été également reçus par le CNT pour discuter sur la diffusion des vidéos obscènes. Pourquoi le Syndicat n’a pas pris part à cette rencontre ?
Le CNT avait invité le syndicat, c’est juste que c’est les patrons qui ont publié leur lettre. Nous avons reçu un courrier du CNT adressé spécifiquement au SPPG, nous l’avons examiné au sein du bureau, la majorité a décidé qu’on ne répond pas à cette invitation parce qu’on parle d’un sujet qui ne nous concerne pas. Depuis un moment, nous nous battons pour éviter ce qui arrive à la presse aujourd’hui, ce CNT ne nous a pas écoutés. Ce n’est pas aujourd’hui que nous allons venir nous asseoir pour parler de notre métier, mais parler de l’affaire sexuelle comme si c’est les médias qui ont publié cela. Aucun média n’a publié ces vidéos. Et nous, notre préoccupation majeure c’est comment sauver des emplois, comment garantir la liberté de la presse dans ce pays. Pour le moment, si on nous invite concernant ce sujet on ira.