Le gouvernement de transition dirigé par Bah Oury entame, ce mercredi 5 février 2025, une immersion à l’intérieur du pays. Cependant, des interrogations demeurent quant à l’efficacité de cette démarche.
Cette immersion, la deuxième du genre sous le régime du CNRD, semble davantage viser à soutenir la campagne de Mamadi Doumbouya qu’à s’enquérir des réalités des Guinéens dans le pays profond, sans pour autant apporter de solutions concrètes aux difficultés rencontrées par la population.
En 2022, le gouvernement dirigé à l’époque par Mohamed Beavogui avait déjà organisé une immersion qui a conduit les membres du gouvernement dans différentes régions du pays durant quatre semaines. Cette tournée avait permis de mieux comprendre les réalités vécues par les Guinéens dans les zones reculées. Toutefois, le Premier ministre et son équipe avaient peiné à apporter des réponses substantielles aux souffrances de la population avant leur départ.
Deux ans plus tard, Bah Oury et son gouvernement entreprennent un exercice similaire. À travers un courrier de la primature, le Premier ministre a instruit le ministre de l’Administration du territoire de prendre toutes les dispositions nécessaires auprès des préfets et gouverneurs pour préparer l’arrivée des membres du gouvernement. Les ministres se déploient à l’intérieur du pays pour une période d’un mois, dans un contexte où le débat politique reste dominé par la possible candidature du chef de la junte.
Le coup d’envoi de cette immersion intervient cinq jours après l’annonce officielle de la candidature du général Mamadi Doumbouya, le week-end dernier à Kankan, aux prochaines élections présidentielles.
Selon les observateurs, cette immersion est perçue comme une campagne déguisée en faveur de cette candidature. Tout laisse à penser que cette immersion n’est en réalité qu’une obligation imposée aux membres du gouvernement pour soutenir la candidature du président.
Par ailleurs, cette démarche rappelle les mauvaises pratiques du régime d’Alpha Condé. En 2020, les cadres de l’administration avaient abandonné leurs bureaux pour aller battre campagne en faveur du troisième mandat, chaque ministre étant contraint de se rendre dans sa localité.
Trois ans plus tard, nous en sommes à ce stade, malgré les promesses de rupture avec les anciennes pratiques après l’arrivée de la junte au pouvoir. À partir de ce mercredi, c’est l’ensemble de l’administration qui se transportera à l’intérieur du pays, laissant une nouvelle fois les bureaux vides.