Dans un communiqué publié ce mercredi, 30 octobre 2024, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), a interpellé le CNRD sur les disparitions forcées de civils et de militaires en Guinée. L’organisation tient les autorités de la transition responsables de tout ce qui pourrait arriver aux personnes interpellées et appelle la communauté internationale à s’impliquer pour la libération des activistes.
La RADDHO dénonce le manque de visibilité dans la conduite de la transition rappelant que les dérives du régime d’Alpha Condé continuent, en dépit des promesses tenues par le général Mamadi Doumbouya qui a justifié son coup d’État du 5 septembre 2021 par l’instrumentalisation de la justice et le piétinement des droits des citoyens.
Trois ans après, elle constate que les Guinéens n’ont toujours pas vu l’ombre d’un retour à un ordre constitutionnel normal. Elle souligne que ceux qui appellent au respect des libertés et des engagements pris avec la CEDEAO sont confrontés à une nouvelle forme de banditisme d’État.
L’organisation évoque le cas de Foniké Mengué et Billo Bah, militants connus pour leur combat en faveur du retour à l’ordre constitutionnel, interpellés depuis le 9 juillet 2024, au domicile de Monsieur Sylla, alors qu’ils s’apprêtaient à participer à une manifestation contre la fermeture de médias privés en Guinée.
“Ils ont été enlevés, selon Monsieur Cissé, qui a été libéré, une information confirmée par des membres de la famille de Monsieur Sylla. Les deux militants ont été appréhendés par des hommes en uniforme de la garde présidentielle et de la gendarmerie nationale, puis déplacés entre les locaux de l’Escadron mobile No 2 de la gendarmerie d’Hamdallaye, le Palais présidentiel et l’île de Kassa, où ils ont subi des actes de torture. Malgré les demandes répétées de leurs familles et des organisations guinéennes, africaines et internationales de droits de l’homme, Billo et Foniké restent introuvables, tandis que les autorités judiciaires guinéennes, censées garantir l’exercice des droits et libertés, demeurent silencieuses sur le sort réservé à ces défenseurs de la démocratie”.
La RADDHO souligne que ces responsables de la coordination du FNDC ne sont pas seuls dans cette situation, mentionnant également le cas du Colonel Célestin Bilivogui, radié de l’Armée après la tentative d’évasion du capitaine Moussa Dadis Camara, qui a disparu le 8 juillet après son interpellation par des éléments de la gendarmerie nationale. À cette liste s’ajoutent les cas du général Sidiba Koulibaly et de Sadou Nimaga, ancien secrétaire général du ministère des mines.
L’organisation condamne cette nouvelle forme de violation des droits des citoyens et interpelle les autorités sur ce qui pourrait arriver aux personnes portées disparues. “Elle tient les autorités actuelles, le Président de la République et tous les organes de transition responsables de tout ce qui pourrait arriver aux personnes disparues et demande instamment aux organes judiciaires du pays d’ouvrir des enquêtes indépendantes pour faire la lumière sur ces arrestations et disparitions de défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie”.
La RADDHO exhorte également la CEDEAO à s’impliquer pour obtenir la libération immédiate des défenseurs des droits de l’homme et à mettre un terme à ces pratiques incompatibles avec l’appartenance à une communauté économique qui met le respect de la vie et de la dignité humaine au cœur de ses actions. Elle invite les organisations africaines et ouest-africaines à adresser des lettres de protestation aux autorités diplomatiques guinéennes concernant les pratiques barbares des autorités militaires actuelles et appelle la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples à envoyer une mission d’enquête sur les disparitions forcées en République de Guinée.