La décision illégale du chef de la junte d’accorder aux gouverneurs, les prérogatives de nommer les chefs des quartiers et des districts a suscité l’indignation des acteurs sociopolitiques y compris ceux qui sont membres du cadre du dialogue politique inter-guinéen. En prenant du recul sur ce sujet brûlant, on se rendra compte que l’ancien président Alpha Condé et son principal adversaire politique d’alors, Cellou Dalein Diallo, sont en partie responsables de la situation actuelle. Explications!
Le 1er septembre 2016, le président de l’Ufdg est reçu par le chef de l’Etat Alpha Condé au Palais Sékhoutouréya. A l’issue de cette rencontre, un cadre de dialogue est institué. Le 12 octobre 2016, les deux plus grands partis politiques d’alors, le Rpg Arc-en-ciel au pouvoir et l’Ufdg signent un accord politique. Le point 2 dudit accord prévoit que désormais les chefs des quartiers et des districts sont nommés au prorata des résultats des élections communales alors que les élections à la base étaient, jusque-là, réservées exclusivement par la loi aux citoyens non affiliés aux formations politiques et aux ONG.
Les articles 135 de la Constitution 2010 et 98 de l’ancien Code électoral rendaient obligatoire l’organisation des élections dans les districts et les quartiers en disposant que la création des collectivités et leurs organisation relèvent du domaine de la loi. Autrement dit, il n’appartient qu’au législateur, et à lui seul, de créer une région, une commune, un quartier ou un district. La mouvance et l’opposition républicaine n’avait que faire de cette loi.
Pour faire passer cette forfaiture contre la démocratie à la base, ledit accord avait donné lieu à la révision du Code électoral qui, jusque-là, disposait que ceux-ci étaient élus. Les partis politiques n’avaient droit de participer aux élections à la base. L’argument fallacieux qu’ils avaient utilisé, à l’époque, c’était que la Guinée ne pouvait pas organiser des élections dans les 4142 districts et quartiers du pays. En dépit de mise en garde du leader du Bloc Libéral, membre de l’opposition républicaine d’alors, qui s’était retiré du dialogue, le Rpg et l’Ufdg ont fait modifier la loi électorale.
C’est ainsi que les élections communales ont été organisées, le 4 février 2018. L’annulation du vote, par endroit, a compliqué la nomination des chefs des districts et des quartiers au prorata des résultats des élections locales. La situation était si inextricable qu’on n’avait pas pu mettre en place les conseils des quartiers et les conseillers régionaux.
Au regard des explications susmentionnées, les signataires de l’accord politique du 12 octobre 2016, en premier Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, ne doivent s’offusquer que le chef de la junte prenne une décision accordant aux gouverneurs les prérogatives de nommer les chefs locaux.
La leçon à tirer ce qu’il faut poser des bons actes lorsqu’on est au pouvoir parce qu’on est toujours rattrapé par notre passé.