Victimes du brouillage depuis sept mois, les licences du groupe HADAFO médias (Espace Fm, Espace Tv et ses antennes régionales), le groupe Fréquence infos média et Djoma média ont fini par être retirées par les autorités de la transition le mercredi 22 mai 2024. Mais plusieurs interrogations persistent sur les raisons de retrait de ces médias bien que les autorités parlent de “non respect des cahiers des charges”. Selon des sources, quatre médias auraient perçu une somme avoisinant les 3 milliards de francs guinéens chacun de la part du président du CNRD le Général Mamadi Doumboya afin de l’accompagner pour la réussite de la transition. Une promesse qui n’aurait pas été respectée par ces trois médias (Espace, FIM et Djoma) retirés. Interrogé par notre correspondant en France à l’occasion du Salon des investisseurs à Paris, Lamine Guirassy a apporté des précisions.
Guinee360.com: Selon des sources, quatre organes de presse auraient perçu une somme de trois milliards de francs guinéens chacun dans les mains de l’État afin d’accompagner le CNRD pour la réussite de la transition. Les mêmes sources disent vous avez reçu l’argent et vous n’avez pas respecté l’engagement. C’est pour cette raison que vos médias ont été brouillés avant d’être retirés de leur licence. Dites-nous la réalité ?
Lamine Guirassy : Je ne vous dirais pas la réalité parce que si vous confondez les déclarations d’un Facebookeur ou tiktokeur, tant mieux. HADAFO média, c’est 17 ans en Guinée. Si on part en matière d’investissement aujourd’hui c’est plus d’un million d’euros en Guinée. C’est ma première nouvelle d’entendre ça. Trois milliards ou 300 mille euros c’est quoi ? Vous pensez sincèrement ? (rire) En tout cas je n’en sais rien du tout. La question n’a pas de sens. On a combien d’employés aujourd’hui à HADAFO médias ? Je l’ai dit, quand on dit que le président aurait donné de l’argent aux journalistes, moi-même j’ai dit dans les grandes gueules de citer les noms de ces journalistes là, et ça c’est public.
Quand le premier ministre a dit que le président n’était pas content de vous, comment avez-vous réagi ?
C’est normal. Un bon journaliste n’est jamais en phase avec le pouvoir.
Il y a eu un communiqué conjoint HADAFO, FIM et Djoma. Quelle est la suite après ce communiqué ?
Sincèrement, moi je suis absent à Conakry depuis deux jours. Il y a des gens qui s’occupent de ça au groupe HADAFO médias. C’est Jacques Lewa qui parle au nom du groupe. Aujourd’hui c’est vrai qu’il y a beaucoup de sollicitations, mais pour l’instant je ne me prononce pas sur cette question. Je pense qu’il y a eu malentendu avec l’État, et que tout ça va rentrer dans l’ordre. Parce que nous sommes Guinéens quoi qu’on dise. On peut réussir aujourd’hui en France, au Mali et dans d’autres pays, mais on reste d’abord Guinéen. Pour moi ça c’est important. Et personne ne peut enlever ça.
Vous nous parliez de l’ouverture d’Espace au Sénégal, comme actuellement la situation en Guinée reste compliquée, voulez-vous nous dire que vous vous tournez vers le Sénégal ?
Non pas du tout. La Guinée c’est chez nous quoi qu’on dise. La vie c’est des projets. Le cas du Sénégal, pour ceux qui écoutent Espace, pour ceux qui nous regardent à la télévision savent que ce projet est là depuis un très bon moment. On a même eu une fréquence(…) Ce n’est pas parce qu’il y a des difficultés en Guinée qu’on se dit on va se rabattre sur le Sénégal. On ne sera jamais Sénégalais. On est Guinéen avant tout(…) parce qu’il y a une forte communauté guinéenne du côté du Sénégal et c’est un choix qu’on a mûri, réfléchi depuis un moment et on se dit pourquoi pas maintenant. Si on part au Sénégal c’est surtout par rapport à cette communauté guinéenne qui nous intéresse également de ce côté.
N’est-il pas exclu d’élargir Espace à d’autres pays de l’Afrique ?
Oui, notamment la Côte d’Ivoire. Parce que nous avions le choix entre la Côte d’Ivoire et le Mali, mais la Côte d’Ivoire a passé tout de suite parce qu’on se dit, c’est plus propice, le climat, le business de ce côté-là et peut-être aussi c’est le pays qui peut répondre mieux au modèle qu’on a développé en Guinée depuis 17 ans maintenant.
Avec la situation que les entreprises des médias privées vivent aujourd’hui, pensez-vous que créer une entreprise en Guinée est nécessaire ?
Oui, un entrepreneur c’est un kamikaze. Donc ce n’est pas parce que l’eau est trouble que vous vous dites il faut abandonner, non ! Je pense que tous les entrepreneurs qui réussissent c’est parce qu’ils prennent le risque. Non, je ne conseillerais à personne de ne pas investir en Guinée. Pour moi ça serait inopportun parce que c’est toujours en cravachant qu’on devient meilleur.