Au cours de cet entretien qu’il nous a accordé ce lundi, le président du parti Union pour la Démocratie et le Développement (UDD) a donné sa position sur la situation sociopolitique de la Guinée.
Jean Bienaimé Haba invite l’opposition guinéenne à mettre la balle à terre et de rejoindre le processus électoral en cours dans le pays.
Ce membre de la Coalition Démocratique pour le Changement dans la Continuité (CODECC), s’est exprimé aussi sur la situation de la côte d’Ivoire et du Mali.
Guinée360.com: Quelle lecture faites-vous de la situation sociopolitique politique de la Guinée ?
Jean Bienaimé Haba : Aujourd’hui tout le monde est préoccupé par l’organisation de l’élection présidentielle du 18 octobre. Les partis politiques sont en train de se battre pour prendre part à ce scrutin, qui est d’un enjeu majeur d’autant plus que c’est pour choisir le futur président de la république.
Est-ce que pour vous aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour aller à cette élection à la date du 18 octobre ?
Je crois oui. Si les conditions n’étaient pas réunies, la CENI n’allait pas programmé. C’est parce que les conditions sont réunies que la CENI a fixé la date et a donné la date butoire pour le dépôt des dossiers des candidatures et la caution pour la participation des partis politiques.
Contrairement à l’opposition qui évoque des manquements sur le fichier électoral. Elle souhaite d’ailleurs la reprise du recensement afin d’aller à un scrutin inclusif. Quelle est votre avis ?
L’opposition va toujours émettre des doutes parce qu’elle a rejeté plusieurs activités planifiées par la CENI dans ce sens là. Je pense que l’opposition doit accepter de sortir dans son radicalisme pour faire preuve de fair-play pour qu’on puisse avancer.
Le FNDC promet de reprendre ses manifestations après les examens nationaux pour s’opposer à la candidature d’Alpha Condé que vous vous avez designer candidat. Quelle analyse vous en faites ?
Nous sommes dans un processus démocratique. Chacun est libre de poser des actes. Mais l’essentiel est que ces actes soient cohérents avec la loi. Le FNDC est une plateforme qui est d’ailleurs en perte de vitesse, qui est décrié aujourd’hui. Si elle menace de reprendre ses manifestations elle est libre parce que la loi lui donne l’autorisation. Mais elle doit accepter de se conformer scrupuleusement aux lois de la République. Le FNDC doit aussi tenir compte de la situation de la crise sanitaire dans le pays.
Quelle est votre proposition pour une sortie rapide de crise électorale en Guinée ?
Je ne pense pas qu’il y ait une crise électorale en Guinée. D’abord l’élection n’est même pas organisée, nous sommes dans la période d’avant élection. Nous ne sommes pas pendant ou après le scrutin pour parler de crise. Je demanderai seulement aux partis politiques de voir l’intérêt du peuple de Guinée et d’accepter de prendre part à la prochaine élection.
L’actualité c’est aussi au niveau de la sous-région. Après plusieurs manifestations, le président IBK a été contraint de quitter le pouvoir. Quel est votre sentiment ?
J’ai un sentiment de déception parce que le Mali que je considérais beaucoup sur le plan démocratique a accepté aujourd’hui de tomber plus bas. Parce que faire quitter un président démocratiquement élu du pouvoir est un recul viceral de la démocratie.
Comment vous comprenez la démarche de la CEDEAO qui demande le rétablissement du président déchu ?
Vous savez en politique, chacun défend sa position. Donc ces institutions sous-regionale s’inspirent toujours des textes des différents pays pour se prononcer. La CEDEAO doit défendre un président de la République s’il mérite d’être défendu. C’est ce qui se passe actuellement au Mali. Le président IBK est en plein exercice de son mandat. Comment est-ce qu’on peut le chassé. Comme s’il n’était pas l’expression de la majorité des Maliens? De ce point de vue, la CEDEAO doit faire en sorte que l’ordre constitutionnel soit respecté au Mali.
Quelle enseignement politique avez-vous tiré de cette situation du côté de Bamako ?
La leçon est que chacun doit jouer pleinement sa partition dans le respect srupuleux de la loi. Chacun doit contribuer à ce que la démocratie se porte mieux dans les différents pays africains. Et c’est pourquoi d’ailleurs je demande à l’opposition guinéenne d’être présente au prochain rendez-vous électoral.
Dernière question, quelle est votre position sur l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara. Malgré qu’il avait opté pour l’Alternance démocratique en Côte d’Ivoire ?
Cela a été pour moi une surprise mais c’était aussi prévisible. D’autant plus qu’il tatonnait, il avait envie mais puisqu’il avait d’autres voix qui pouvaient se lèver pour dire que non M. Le président c’est pas vous seul qui êtes là. Surtout que l’homme qu’il avait choisi avait rendu l’âme. Finalement il est revenu à la charge, il a même préparé d’autres cadres au sein de RHDP pour le plébiscité. C’est pas normal, il aurait dû accepter de rentrer par la grande porte, s’il avait accepté de réspecter son engagement.
Quelle conséquence une candidature de Ouattara, d’Alpha Condé et la destitution d’IBK au Mali pourrait avoir sur le continent africain ?
L’une des conséquences est que l’Afrique va encore prouver à la phase du monde qu’elle n’est pas prête à accepter la notion de la démocratie. Dans cette mesure on ne peut pas nous faire confiance. Il faut que nos chefs d’État acceptent de respecter leurs engagements vis-à-vis de leur peuple. Mais par rapport à la situation particulière de la Guinée, le président Alpha Condé est face à une constitution qui ne lui interdit pas de se présenter candidat. Il est libre de se présenter comme tous les autres partis politiques. La Guinée n’a aucun problème par rapport à cela.