Le double scrutin législatif et référendaire du 22 mars 2020 a été émaillé de violences à Conakry et dans plusieurs régions du pays, notamment à N’Zérékoré et Labé. Ces violences ont entraîné la mort d’au moins 11 personnes à Conakry, selon le Front national pour la Défense de la Constitution (Fndc) et 6 d’après le ministre de la Sécurité, Albert Damantang Camara.
Joint au téléphone par notre rédaction depuis Dakar, le chercheur d’Amnesty International sur la Guinée, Fabien Offner dénonce le recours excessif de la violence par les forces de sécurité.
Sur le nombre de victimes enregistrées au cours de ce double scrutin, l’activiste des droits de l’homme estime qu’il est difficile de croire au bilan annoncé par les autorités guinéennes.
Par ailleurs, Amnesty International dénonce également les violences contre les journalistes et accuse les sympathisants du parti du pouvoir.
“L’ampleur des violences a été telle, le jour, du vote qu’il faut un certain temps pour être en mesure de vérifier les informations qui circulent. Les prochains jours vont permettre de décrire avec plus de certitude les différentes violations des droits humains commises en Guinée à l’occasion de ce double scrutin.
Concernant les morts, le gouvernement a écarté hier 22 mars dans un communiqué toute responsabilité des forces de défense et de sécurité: “Nous avons pour le moment pu recueillir certains témoignages et documents qui ne correspondent pas à cette version gouvernementale. Un certain nombre de médias rapportent également une autre version des faits. On constate d’ailleurs aujourd’hui 23 mars que le discours des autorités a évolué.
Il est malheureusement de plus en plus difficile de considérer les autorités comme étant de bonne foi quand on sait que certaines personnes sont victimes de disparitions forcées et que les autorités n’ont jusqu’à présent toujours pas communiqué sur leur situation. Depuis plusieurs semaines et encore plus dans celles qui ont précédé le scrutin, des opposants au projet de changement de constitution ont été arrêtés et sont détenus en dehors de tout cadre légal.
Plusieurs recours excessifs de la force et destructions de biens par les forces de sécurité ont par ailleurs été rapportés le jour du scrutin à Conakry, mais aussi dans plusieurs villes du pays telles que Labé et Nzérékoré.
Les médias ont par ailleurs été pris pour cibles. Plusieurs journalistes ont été violentés le jour du scrutin et dans les cas que nous avons pu identifier, ils l’ont été par des sympathisants du pouvoir en place.”
Dans son rapport publié au mois de novembre 2019, avant l’Examen Périodique universel (EPU), Amnesty International a fait mention de 70 manifestants et passants tués depuis janvier 2015.