Le débat autour de la transhumance politique en Guinée reste plus que jamais d’actualité, et rien ne semble l’arrêter. La scène politique guinéenne continue de se conformer à une réalité désormais bien ancrée : celle d’un opportunisme décomplexé de certains acteurs politiques.
Le dernier épisode marquant est la défection de plusieurs figures de l’opposition, qui se rallient progressivement au régime de transition.
Ce phénomène, loin d’être nouveau, tend à s’imposer comme une norme. En observant de plus près, on peut affirmer sans exagération qu’en Guinée, l’engagement politique se fonde de moins en moins sur des convictions ou des valeurs à défendre.
Ce glissement opportuniste révèle une crise profonde de repères au sein de la classe politique et pose une question cruciale : quelle est aujourd’hui la véritable nature de l’engagement politique en Guinée ?
Les dernières années, marquées par le pouvoir d’Alpha Condé, puis par les trois années de gouvernance du CNRD, ont mis en lumière cette tendance troublante.
Certains acteurs politiques, après de longues années dans l’opposition, n’hésitent pas à renier leur parcours pour obtenir une place dans l’administration.
L’exemple le plus parlant reste celui d’anciens cadres de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principale formation politique de l’opposition, qui ont récemment rejoint les rangs du pouvoir.
Parmi eux, on retrouve Souleymane Thianguel Bah, actuel secrétaire général du ministère de l’Information et de la Communication ; Alpha Boubacar Bah, directeur général adjoint de l’ANRU ; Bakary Keita, ex-directeur général du CNSP ; Cellou Baldé, ancien député de Labé ; et Malal Diallo, ex-trésorier de l’UFDG, pour ne citer que ceux-là.
Ces anciens proches de Cellou Dalein Diallo affichent désormais un soutien assumé à la junte militaire. Leur participation active à la récente marche pour la paix, organisée à Boké par des mouvements favorables à la candidature du général Mamadi Doumbouya, en est la preuve éclatante.
Ce positionnement politique n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une logique de reconversion, souvent motivée par des considérations personnelles, au détriment des idéaux autrefois proclamés.
Le long silence observé par ces anciens opposants, depuis leur rencontre au palais Mohamed V en mars dernier, annonçait déjà ce tournant.
Face à cette dynamique, une question s’impose : que vaut aujourd’hui la parole politique en Guinée ? Les convictions peuvent-elles être aussi facilement balayées par une nomination ?
Le combat pour le retour à l’ordre constitutionnel, autrefois mené avec ferveur par ces mêmes cadres, semble désormais relégué au second plan.
Aujourd’hui, leur nouvelle posture politique donne l’impression d’une stratégie d’attente, en quête de décrets officialisant leur reconversion.
La classe politique guinéenne traverse ainsi une profonde mutation, marquée par l’érosion des repères idéologiques.
Après des années dans l’opposition, place au reniement. Comme le soulignait récemment un observateur averti : il est difficile de rester longtemps dans l’opposition.
Une réalité que semblent avoir pleinement intégrée des figures comme Cellou Baldé, Malal Diallo, ou encore Dr Diao Baldé, fraîchement nommé chef de cabinet au ministère de l’Environnement.
Tant pis pour ceux qui refusent de voir cette nouvelle réalité en face.