Démarrées le 9 septembre 2024 à Conakry, les Réunions Statutaires Mi-Annuelles de la Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) ont pris fin ce vendredi 13 septembre. Présidant la cérémonie de clôture, Bah Oury a fait un bref rappel historique de l’union avant de poser un diagnostic cinglant sur l’incapacité des six pays membres à satisfaire les critères de convergence depuis plus de deux décennies.
Créée en 2000, la ZMAO regroupe la Guinée, la Gambie, le Liberia, la Sierra Leone, le Nigéria et le Ghana. Vingt-quatre ans plus tard, aucun des États membres n’a satisfait l’ensemble des critères de convergence, condition sine qua non pour la mise en œuvre effective de la monnaie unique. « Nous avons encore beaucoup d’efforts à faire. Et la question monétaire est tout à fait objective. Ce n’est pas une question de sentiments ou d’émotions, c’est du concret, car cela reflète exactement la situation de nos économies. Malheureusement, nos économies souffrent de nombreux déficits. Si la volonté politique est réelle, et si nous voulons une zone économique unique en Afrique de l’Ouest, cela doit être accompagné d’une volonté politique également effective pour aller dans cette direction », a déclaré Bah Oury.
Si d’autres États ont réussi leur intégration monétaire, Bah Oury se demande pourquoi la ZMAO n’y parviendrait pas. « Nous devons faire de notre mieux pour réussir. Si nous ne le faisons pas, cela signifie que nous ne voulons pas l’unité de notre monnaie. Et par conséquent, il ne faut pas s’étonner que les peuples s’impatientent et que nos États peinent à se faire respecter », a-t-il expliqué.
Bah Oury a également ajouté que la souveraineté monétaire repose sur la rigueur et une gouvernance vertueuse. « J’avais une coupe afro, aujourd’hui, j’ai des cheveux blancs, presque chauve, et nous n’avons pas avancé. Ce n’est pas un manque de respect, mais une réalité : il y a eu une longue attente. La mise en œuvre de la ZMAO ne doit pas être une banalité régulière où, tous les six mois, nous nous retrouvons pour dire les mêmes choses sans progrès. Les critères ne sont pas respectés », a-t-il déploré.
Pour parvenir à la création de la monnaie unique, Bah Oury estime qu’il faut que les États membres se mobilisent et qu’il y ait « une volonté de mobilisation des recettes intérieures de manière systématique, de maîtrise des dépenses pour qu’elles aillent là où elles doivent aller, d’amplification de la croissance économique et de soutien au secteur privé. C’est par ce biais que nous pouvons diversifier nos économies. Il faut que la politique soit au service de l’économie et non l’inverse, car la vérité politique, c’est de satisfaire les besoins fondamentaux de l’économie, car c’est cela qui conditionne la vie », a-t-il conclu.