Situé dans la commune de Dixinn, le lac de Camayenne, qui s’étend sur 2 hectares, est connecté à la mer. Des inconnus ont commencé à le remblayer. Mais l’opération a été arrêtée et des individus arrêtés, selon le ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire.
Le remblayage de ce lac est une véritable menace pour les ressources halieutiques, car, selon Idrissa Kallo, Secrétaire général chargé à l’information de la Fédération guinéenne de la pêche artisanale (FEGUIPA), cette zone constitue un lieu de reproduction des poissons et une véritable réserve d’autres espèces halieutiques.
«Il faut comprendre que ces zones sont des lieux de reproduction des poissons, des espèces halieutiques qui viennent se reproduire là. Si on ne les sauvegarde pas, ça va jouer sur la reproduction des produits halieutiques. Donc forcément il y aura un impact sur les activités de pêche», alerte Idrissa Kallo.
Peiné par cet acte, il prévient que si l’opération de remblayage du lac continue, cela pourrait causer d’autres dégâts collatéraux : « Il s’agit des zones humides qui profitent également à l’absorption du carbone. Ces zones abritaient de surcroit la mangrove. Et ces forêts de la mangrove absorbent du gaz carbonique 8 fois plus que les arbres ordinaires. Donc il faut comprendre que pour un seul palétuvier coupé, il faut 8 arbres ordinaires pour le remplacer.»
Pourquoi le remblayage du Camayenne ?
Le ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire est indexé d’avoir autorisé le remblayage du lac afin d’y ériger des bâtiments ou autres aménagements. Une chose que dément formellement le département ministériel, à travers son Secrétaire général, Mohamad Mama Camara.
Selon lui, tout ce que son ministère fait dans ce sens est «acté». Il n’a pas souhaité être enregistré, mais il a fait savoir que l’opération qui se déroule sur le lac de Camayenne est «clandestine».
Plus loin, il informe qu’une procédure d’arrestation est lancée contre les auteurs, et déjà, plusieurs parmi eux sont arrêtés et l’endroit mis sous le contrôle des gendarmes.
Pour insister sur l’importance de la mangrove, Idrissa Kallo estime que les autorités devraient penser au reboisement de cette catégorie d’arbres que les arbres ordinaires : «Si nous voulons lutter contre le changement climatique, c’est la forêt de la mangrove que nous devons reboiser au lieu de planter les autres arbres ordinaires qui pourraient nous servir, mais on devait donner l’avantage à la mangrove plus que les autres zones».
Le lac de Camayenne, dit-il, doit être protégé car c’est là que des mammifères comme le Lamentin et autres viennent se reposer. «Eux, ils respirent à travers leurs poumons, comme les êtres humains. Quand il y a trop de saletés, ça les tue. Il faudrait que l’Etat y pense», interpelle Idrissa Kallo.
Les travaux sont toujours en cours
Toutefois, une source indique que les travaux seraient toujours en en cours. Elle précise tout de même qu’ils se déroulent très tôt le matin et nuitamment. Pourtant, le ministère de la Ville a nié toute opération de remblayage sur les lieux.