Entamés le 25 novembre dernier à l’occasion de la célébration de la journée mondiale pour l’élimination des violences basées sur le genre, c’est autour d’une table ronde que les 16 jours d’activisme ont pris fin ce 10 décembre sous la thématique “vulgarisation du processus de prise en charge des victimes de violences “, à l’hôtel palm camayenne.
Organisé par l’entreprise TATTOU Group, en partenariat avec l’Agence Belge de Développement (ENABEL), et l’agence française de développement (AFD) en présence de plusieurs membres du gouvernement et des responsables des services de protection du genre, les différentes rencontres de concertation ont permis de cibler les maux dont souffre la couche feminine en Guinée.
Au cours de cette table ronde, ces spécialistes sont largement revenus sur les insuffisances auxquels ils sont quotidiennement confrontés dans la prise en charge de cas de violences basées sur le genre dont le plus recurrent ces derniers temps, qu’est le viol.
Le déficit des moyens à la disposition des officiers de police judiciaire, l’absence de l’action publique pour barrer les désistements enregistrés fréquemment ou encore le manque de vulgarisation des textes de loi, sont entre autres les difficultés dévoilées.
A en croire la Directrice générale adjointe de l’Office de protection du genre et des mœurs (OPROGEM), la procédure normale pour un cas de viol commence toujours par la réquisition d’un médecin légiste avant la procédure judiciaire.
« Quand nous recevons une victime, nous la référons à la médecine légale tout en commençant la réquisition à l’interne pour connaître la gravité de la blessure reçue. Et le seul service compétent, c’est la médecine légale. Lorsque la victime va voir les médecins légistes, elle va revenir vers l’OPROGEM pour que nous l’entendions en présence de ses parents, parce que la majeure partie des présumées victimes de viols sont des mineurs. Après nous écoutons aussi le présumé violeur », a expliqué Marie Gomez.
Cependant plusieurs avancées ont été enregistrées dans la lutte contre le viol, comme la mise en place d’un numéro vert “116” qui permet aux proches des victimes de signaler les cas afin de bénéficier de l’assistance des autorités et ONG évoluant dans le domaine.
La présidente de l’Association guinéenne des assistantes sociales (AGUIAS), Aïssatou Barry s’est félicitée des retombées du numéro vert dont il d’agit. « C’est grâce à ce numéro que nous sommes implantés dans les zones rurales et qui a fait que pour la première fois, un cas de mutilation génitale féminine en Guinée a été condamnée à deux ans d’emprisonnement assorti de sursis. Il n’est pas forcément dit qu’il faut que la structure elle-même contacte les autorités, mais les témoins de violence peuvent le faire », a fait savoir cette activiste.
La rencontre s’est achevée par la formulations des plaidoiries faites par les panelistes pour inverser la courbe des statistiques.
Pour Professeur Hassan Bah, médecin légiste à Ignace deen , 12/30 consultations effectuée quotidiennement dans son service sont des femmes victimes de VBG. Il estime alors qu’il faut une décentralisation des services de protection du genre et la prise en compte des séquelles post-traumatiques des victimes qui ont des effets graves sur la vie de ces femmes et enfants sur le long terme.
Quant à la directrice générale adjointe genre et équité, il doit y avoir la mise en place d’un système de collecte de données pour suivre l’évolution des dossiers depuis les zones rurales, et le renforcement des capacités des travailleurs sociaux. Mais aussi le renforcement de la collaboration avec les ONG et la société civile en général pour une synergie sur le terrain. Marie Touré souligne que ceci est la meilleure solution pour venir à bout de ce fléau.
Cet évènement qui a démarré par une exposition de lettres de victimes de violences basées sur le genre intitulée : « Confession d’une femme brisée » a été clôturé par une pièce de théâtre Sur une idée de Nanette Touré Directrice de TATTOU GROUP, entrepreneure et militante Mise en scène par SOW Pédro. On notera dans la pièce intitulée : “Un 25 novembre, chronique d’une journée sans femmes » la participation exceptionnelle de Soul Bang’s le prix découverte RFI 2016.
Il faut rappeler que la campagne de ces 16 jours d’activisme a été placée sous le theme:’’Tous unis contre les violences faites aux femmes!’’