Dans une interview accordée à notre rédaction ce vendredi 8 novembre 2024, le porte-parole du Forum des forces sociales de Guinée (FFSG) a livré son analyse sur la présence des émissaires de l’ONU en Guinée. Ibrahima Balaya Diallo s’est également prononcé sur le lancement de la campagne de vulgarisation de la nouvelle constitution.
Guinee360 : Une mission des Nations-unies séjourne en Guinée dans le cadre de l’évaluation du processus de retour à l’ordre constitutionnel, quelle analyse en faites-vous?
Ibrahima Balaya Diallo : Je crois qu’ils sont venus s’enquérir de l’état d’avancement des choses, mais ils sont déjà au courant de ce qui se passe dans ce pays. Ce sont des fonctionnaires qui viennent travailler, qui auront des primes de voyage et même des primes de risque parce qu’ils viennent dans un pays en transition. Il ne faut pas s’attendre à grand-chose parce que celui qui jouait le rôle de subsidiaire par rapport à la communauté internationale, c’est-à-dire la CEDEAO, on a vu le résultat. Cette mission est venue prendre des photos pour aller justifier leur venue, je ne vois pas autre chose.
Quelles actions concrètes les Guinéens peuvent-ils entreprendre pour apporter un changement durable dans leur pays, en tenant compte de la responsabilité partagée entre les acteurs politiques, la population et le CNRD?
Il faut rester lucide par rapport aux choses. Le problème de la Guinée se règlera ici. Ce sont les acteurs, la population et le CNRD qui vont prendre les devants pour changer les choses dans ce pays.
Selon l’accord entre la CEDEAO et le CNRD, la fin de la transition est prévue pour le 31 décembre 2024. À moins de deux mois de cette date butoir, pensez-vous que la junte respectera ce délai ?
Soyons réalistes, ouvrons les yeux : il est évident que ce n’est plus possible, même avec les meilleurs moyens au monde. Beaucoup de choses qui auraient dû être faites ne l’ont pas été. Les délais ont été laissés de côté. Les Nations Unies sont-elles venues pour renégocier une prolongation de la transition ou pour exhorter les acteurs à former un gouvernement d’union nationale ? Personnellement, je pense que la solution viendra des acteurs locaux, qui doivent se rassembler et se concerter, car la Guinée est plus importante que tout. Il faut sauver ce pays.
La campagne de vulgarisation de la nouvelle constitution est lancée à travers le pays. Quelle est votre réaction ?
C’est la énième mamaya qui se tient malheureusement dans ce pays où les gens font pratiquement n’importe quoi. On n’a pas besoin de déployer tout ce grand monde, c’est un grand gâchis. L’idée en soit aurait pu être bonne, mais franchement à l’état actuel des choses et la façon dont c’est fait, je crois que c’est un gros gâchis. Je pense que s’il y avait une réelle façon de bien faire les choses, on aurait consulté les acteurs de la société civile. Je pense qu’il y a une forme de politique de l’entre-soi, où les mêmes personnes se partagent les privilèges, sans chercher à inclure d’autres acteurs extérieurs.