Mamadou Ismaël Konaté, ancien ministre malien de la justice, s’est exprimé sur la crise diplomatique entre son pays et la France, aboutissant à l’expulsion de l’ambassadeur français sur le territoire malien. Chez nos confrères de la radio Espace ce mardi 1er février 2022, il a dit que la situation qui est arrivée entre les deux pays est déplorable.
«On n’aurait pas dû en arriver là tout simplement, pour deux États en relation de coopération depuis longtemps […]», a réagi l’ancien ministre.
A l’en croire, l’attitude des autorités françaises qualifiant le pouvoir de Bamako “d’illégitime” est due sans doute à une mauvaise psychologie et une mauvaise analyse des choses. Côté français, poursuit-il, cela peut se comprendre du point de vue de la démocratie française quant on sait que le gouvernement d’Assimi Goïta n’est pas aux affaires suite aux élections.
«Mais du côté de Bamako, l’illégitimité, c’est un enfant qui est issu d’une relation de non conjugalité, de non normalité. Du point de vue psychologique, du point de vue culturel on peut être à deux dimensions», a indiqué monsieur Mamadou Ismaël Konaté.
Il a rappelé tout de même qu’en prononçant des mots aussi durs, vis-à-vis des autorités maliennes, la France oublie simplement que derrière les autorités maliennes, il y a un certain soutien qui se manifeste. L’ancien ministre explique également que le langage diplomatique suggère des mots et expressions plus souples. “Mais, malheureusement cela a fait défaut au niveau des plus hautes autorités françaises”.
«La relation diplomatique n’exige pas d’utiliser des mots comme ceux qui ont été malheureusement utilisés. D’abord par le président français lui-même, ensuite, par le ministre des affaires étrangères. Et enfin par le ministre de la défense», a exprimé l’ancien ministre malien de la justice.
Monsieur Konaté croit que les autorités de la junte au Mali ne devrait pas répondre par l’acte consistant à “chasser” l’ambassadeur français. Il a rappelé que les valeurs maliennes enseignent de ne pas répondre une “injure par l’injure”. «Nous ne répondions pas l’invective par l’invective (…)», a-t-il dit.
Par ailleurs, le ministre signale aussi que c’est la première fois dans l’histoire politique du pays (Mali), qu’un ambassadeur représentant un pays étranger, soit expulsé dans ces conditions. Il a tout de même déploré cet état de fait même si cela se justifie par l’attitude première des autorités françaises.
Il a rappelé avant de clore son intervention que 700 mille maliens vivent en France. Et la moitié est de double nationalité. Par conséquent, difficile pour eux de faire le choix entre les deux pays, d’où l’intérêt d’éviter ces incidents.