« […] Vers 23h la direction a envoyé plusieurs pick-up de la gendarmerie pour nous chasser de la base comme des animaux.»
Déclenchée depuis novembre 2021, la grève des travailleurs de United Mining Supply (UMS) du consortium SMB Winning peine à prendre fin. Ces derniers jours, les manifestants font face à une vague d’arrestations et de chasse à l’homme organisées par les responsables de l’entreprise, et exécutées par les gendarmes, selon des témoignages.
A peine lancée, la grève en question a provoqué un arrêt total des activités de transports miniers sur les sites de Malapouya et de Katougouma, respectivement situés à 25 et 30 kilomètres dans la région de Boké, au Nord-Ouest de la Guinée.
Mamady Diané est l’un des leaders du syndicat qui a déclenché le mot d’ordre de débrayage. Joint ce lundi 31 janvier 2022 par notre rédaction, il a expliqué que leurs revendications s’articulent autour de quatorze (14) points, parmi lesquelles figurent l’amélioration des conditions de vie et de travail et le paiement du 13e mois.
«En novembre 2021, nous avons signé un protocole d’accord avec l’Inspection du Travail, la Direction, le collectif des travailleurs et la délégation syndicale. Ce protocole d’accord regroupait quatorze (14) points dont le paiement du 13ème mois. Après la signature, nous avons repris le travail. C’est le 3 janvier 2022 que nous avons réclamé le paiement du 13e mois, une chose que la Direction n’a pas voulu respecter. Quelques jours après, elle a demandé une réunion au cours de laquelle elle nous a fait comprendre qu’à partir de 2022, il y aura des gens qui vont être licenciés, d’autres en congés techniques. Elle a donc profité de cette occasion pour nous chasser des sites comme des voleurs », a dévoilé ce travailleur de l’UMS, avant de poursuivre : «Le Directeur est venu nous dire de libérer les bases. Ils sont partis jusqu’à couper l’eau et l’électricité dans nos cités. Vers 23h, la Direction a envoyé plusieurs pick-up de la gendarmerie pour nous chasser de la base comme des animaux. Vous imaginez, les sites se trouvent à 25 et 30 km de la ville de Boké. Donc impossible de quitter à cette heure-là.»
Déçu, ce syndicaliste qui fait l’objet d’une poursuite, affirme que les responsables de l’UMS n’ont aucun droit de les pourchasser : « Aujourd’hui nous sommes 143 personnes à être licenciées. Actuellement il y a 15 personnes en prison à Boké, 11 ont été arrêtées dans cette ville et les 4 autres ont été arrêtées à Conakry et ramenées à Boké. La Direction peut nous licencier tout en payant ce qu’elle nous doit, mais ne pas nous pourchasser et nous mettre en prison. Ce n’est pas normal Nous demandons à l’autorité guinéenne de réagir. Ce n’est pas normal ce qui se passe dans les zones minières. Ils n’ont qu’à nous aider ».
Il nous informe que leurs collègues mis aux arrêts feront face au juge la semaine en cours, pour un procès.
«Je me demande ce qu’ils ont fait pour les juger…», s’indigne-t-il.
Mohamed Benani, le Directeur général adjoint que nous avons voulu faire réagir, n’a pas décroché notre appel. Le président du syndicat des travailleurs aussi nous a fait savoir qu’il est souffrant. Donc aucune réaction [pour le moment], de la part des responsables de la société United Mining Supply (UMS) du consortium SMB Winning.