Invité de l’émission «Internationales» de RFI et de Tv5 monde ce dimanche 30 septembre, Alpha Condé a fait savoir que le massacre du 28 septembre ne doit pas polariser l’histoire et a prévenu qu’il n’acceptera aucune pression sur la tenue du procès.
A l’occasion de la commémoration de l’an 9 du massacre du 28 septembre 2009 ayant fait 157 morts et une centaine de femmes violées, victimes et défenseurs des droits humains ont exhorté à l’Etat de tenir enfin le procès.
«Nous ne sommes pas d’accord avec ceux qui polarisent les problèmes de la Guinée sur le 28 septembre. C’est vrai que le 28 septembre a été un aspect particulier qui est la violation des femmes. Mais la Guinée a connu une longue histoire. J’ai dis que la réconciliation entre Guinée est difficile parce que ceux qui sont victimes sont, à la fois, victimes et bourreaux. Les gens ont été emprisonnés, torturés au Camp Boiro. Ceux qui ont torturé les gens au Camp Boiro ont été torturés en 1985. Les victimes ont été devenues bourreaux en 1985″, explique Alpha Condé.
“En tant que président de la République, soutient-il, j’assume l’histoire de la Guinée dans sa totalité, dans ses aspects positifs et négatifs. Les gens ont tendance à masquer cela pour polariser sur le 28 septembre, je ne serai jamais d’accord parce que, pour réconcilier les guinéens, un mort est égal à un mort. Les gens qui ont perdu leurs parents au Camp Boiro, à Kindia en 1985 et en 2007, ils ont aussi besoin de justice. Il y a de gens qui me disent : «président, je ne pardonnerai jamais tant que je ne donne pas un sépulcre décent à mon père ou à mon grand père», a-t-il souligné en indiquant avoir demandé aux Nations unies d’accompagner la Guinée afin d’identifier les fausses communes.
A la question sur la tenue du procès, Alpha Condé garantit son engagement, mais invoque l’indépendance de la justice. «Nous sommes engagés à faire le procès, je respecte la justice. La justice est indépendante. Même en France, il y a de choses qui n’ont pas été jugées depuis longtemps. En tant qu’ Exécutif, j’ai donné les moyens à la justice pour mener les enquêtes. C’est la justice qui sait quand il y aura procès. On n’acceptera aucune pression, ni rien, on laissera la justice travailler tranquillement, c’est très clair», a-t-il insisté.
Plus loin, il précise : «Je n’étais pas au pouvoir pour le 28 septembre, j’étais opposant. Donc, je ne suis responsable d’aucun crime, ni de Camp Boiro, ni du 28 septembre. Mais en tant que président de la République, j’entends rendre justice à la Guinée. La volonté politique consiste à donner les moyens à la justice pour faire son travail et ça, je l’ai fait».