Manque de bibliothèque et de connexion internet, 16 ans après l’instauration du système LMD dans l’enseignement supérieur, les universités guinéennes peinent toujours à remplir les conditions permettant d’offrir une formation de qualité aux étudiants. A l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, les problèmes liés à la recherche se posent.
Contrairement au système d’enseignement classique, le système LMD (Licence, Master et Doctorat), instauré dans l’enseignement supérieur guinéen depuis 2007, se base sur une participation active de l’étudiant à sa propre formation à travers beaucoup de travail notamment des exposés.
Toutefois, ce système se trouve être confronté à de nombreux problèmes liés au manque de compétence et de qualification des dirigeants responsables de sa mise en œuvre dans les universités. C’est le cas de l’Université Général Lansana Conté (UGLC de Sonfonia). Contrairement aux promesses faites, en début d’année par le recteur, Pr Manga Keita, le problème de la recherche existe toujours.
Les étudiants disent être confrontés à d’énormes difficultés liées à l’absence de documents dans la bibliothèque et du manque de connexion Wifi. Étudiant en Licence 3 au département Droit, Mohamed Yansané explique : « Le réseau Wifi qui se trouve ici n’est pas accessible à tous et tout le monde n’a pas accès à la bibliothèque. Pour y avoir accès, il faut avoir une carte d’étudiant, une photo d’identité et une somme de 10 mille GNF. Moi, personnellement, je ne suis pas abonné à cause de ça. En plus, il fait très chaud dans la bibliothèque, les ventilateurs ne marchent pas, pas de climatisation ; tout est mauvais et mal organisé. On a l’impression d’être dans un four crématoire. Il y a aussi le fait que certains étudiants considèrent la bibliothèque comme un lieu de réunion ».
Un autre étudiant qui a souhaité témoigner sous anonymat déplore, quant à lui, le manque de documents à la bibliothèque : « Je suis abonné à la bibliothèque et je viens quelquefois, mais je trouve rarement les documents dont j’ai besoin. Il y a aussi le fait qu’il fait très chaud à l’intérieur et c’est très sale. Quand je ne trouve pas les documents, je suis obligé de payer la connexion pour faire mes recherches puisqu’il n’y a pas de Wifi. »
Au-delà des étudiants, le problème de la recherche affecte également les enseignants-chercheurs. Le vice-doyen chargé des recherches au département des Lettres, Dr Mathias Cherif, reconnaît que même ceux qui sont inscrits au Master et au Doctorat ne sont pas épargnés. Ils sont tous confrontés à quelques difficultés. « Moi, personnellement, j’en suis victime. Depuis que je suis allé à Dakar, je n’ai plus eu de l’argent pour le reste. N’eut été la ministre de l’Enseignement supérieur, Dre Diaka Sidibé, j’aurais rencontré de nombreuses difficultés pour soutenir ma thèse ».
Pour le cas spécifique des étudiants, ajoute-t-il, « il faut dire que ceux qui sont en licence ne sont pas encore rompus à la tâche. Ils ont vraiment des difficultés. Quand on leur donne des exposés à faire, ils ne savent même pas en réalité comment on recherche les informations dans les documents et sur internet. Il faut dire que la recherche est un problème réel, les étudiants ne maîtrisent pas le domaine et les cours d’initiation à la recherche ne sont donnés qu’en licence 3, pratiquement ».
Le système LMD exige un certain nombre des conditions qui, lorsqu’elles ne sont pas réunies, impactent négativement la formation des étudiants. Pour qualifier l’enseignement supérieur, le vice-doyen invite les autorités à financer les enseignants-chercheurs et à doté les universités des bibliothèques dignes de nom. « La recherche est un problème réel dans les pays africains, c’est d’ailleurs ce qui explique notre retard. On ne peut pas parler de LMD si la recherche est le parent pauvre de la filière. On enseigne, mais la recherche n’est pas un domaine favorable, on ne met pas de fonds suffisants à la disposition de la recherche », déplore Dr Mathias.
Par HB