Les jeux d’alliance pour la conquête des municipalités n’ont pas véritablement commencés. L’heure est à la prise de contact entre les différents partis politiques.
C’est en cela qu’il faut situer, selon le président du Bloc libéral, Dr Faya Millimouno toutes les rencontres entre leaders politiques au lendemain des élections communales. L’opposant donne également son avis sur la destitution du président Sud africain, Zacob Zuma accusé dans des scandales de corruption. Interview!
Guinee360: Le Bloc libéral a participé aux élections communales du 4 février 2018. Est-ce que le score obtenu est à la hauteur des attentes?
Faya Millimouno: On avait des grandes ambitions lorsque les élections ont été annoncées. Nous avions pensé pouvoir présenter des candidats dans la moitié des circonscriptions électorales du pays, mais compte tenu des difficultés d’ordre financier et matériel, nous avons été obligés de réviser drastiquement à la baisse le nombre. Finalement, on a présenté des candidats dans une cinquantaine des circonscriptions. Alors, nous avons obtenu des scores, bien entendu, qui n’ont pas atteint nos ambitions, mais qui ne sont pas décourageants aussi. Pour Guéckédou seulement, nous nous sommes retrouvés presqu’avec 40 conseillers élus, environ 24 à Kissidougou, 12 à Lola, 8 à Yomou, 3 à Pita et 3 Macenta. Nous avons eu 2 conseillers à Kankan, 1 Dinguiraye, 1 à Coyah et 1 à Matoto.
Qu’est ce qui n’a pas bien marché?
Nous pensons que compte tenu de toutes les fraudes qui ont caractérisé le scrutin, on s’en est quand même sorti avec quelques conseillers. On a l’espoir de compétir pour le contrôle des exécutifs des municipalités dans au moins 8 circonscriptions avec l’assurance de prévaloir dans au moins la moitié.
Comment se font les jeux d’alliance?
Les jeux d’alliance n’ont véritablement pas commencé. Il y a d’abord, la phase d’écoute et d’exploration parce que nous sommes dans une situation où le parti a besoin d’être accompagné pour s’assurer l’exécutif. Mais il y a aussi des communes où notre parti peut apporter le soutien à un autre parti politique. Donc, les membres du Bureau exécutif se sont réunis pour dire de rencontrer d’abord tous les leaders auprès de qui on souhaiterait le soutien et à qui nous pouvons aussi apporter notre soutien au besoin. C’est ainsi que j’ai été appelé à rencontrer deux fois le leader de l’Ufdg. J’ai rencontré également le leader du Rdig et celui de l’Ufr. Et le samedi 17 février pendant que j’étais au repos à Coyah avec des amis, j’ai eu l’appel me disant que le président souhaiterait me rencontrer dans l’après-midi. J’ai cru devoir écourter mon repos pour venir rencontrer le chef de l’Etat. Donc, à ce stade, je peux dire qu’il n’y a aucune alliance nouée. On est juste en train de faire de consultation.
Sur quoi se sont portés les échanges avec le chef de l’Etat?
J’ai profité de l’occasion pour évoquer la crise qui secoue le secteur de l’éducation. Je me suis adressé à lui pas en tant que leader politique, mais en tant qu’enseignant et parent d’élèves. Nous sommes tous inquiets pour la sécurité des enfants. Quand les enfants vont à l’école vont à l’école et ne trouvent pas les enseignants, ils sortent dans la rue. Il y en a qui perdent la vie lors des accrochages avec les forces de l’ordre. Ça nous interpelle le risque qu’il y ait une année blanche. Etant donné le mot d’ordre de grève lancé par le Slecg, il est de la responsabilité de l’Etat de négocier avec les syndicalistes. Ce que nous n’avons pas vu pendant les quelques semaines que cette grève a perturbé l’éducation dans notre pays. Le reste du temps, j’ai écouté.
Et qu’est ce que vous avez entendu?
Par rapport à la question de la crise de l’éducation que j’ai évoquée, j’ai senti que le président est préoccupé. Mais j’ai aussi constaté que la volonté d’engager un dialogue directement avec Soumah n’était pas très affirmée. Bien entendu, personnellement, je ne m’attends pas à ce que ça soit lui qui rencontre les syndicalistes. Il est le Président de la République, il y a un Premier ministre et d’autres membres du gouvernement. Il y a d’autres institutions républicaines plus appropriées à faire ce genre de rencontre ou négocier avec les syndicats. J’ai aussi senti qu’il y a une sorte d’hésitation compte tenu de l’attitude des centrales syndicales qui pensent que rencontrer M. Soumah c’est comme légitimer quelqu’un qu’ils considèrent être un rebelle. Mais qui semble montrer aujourd’hui plus de légitimité qu’eux-mêmes. En tout cas, j’ai senti dans les réponses du Président de la République qu’il était effectivement préoccupé par la situation. De là, à dire que les solutions qui sont en train d’être envisagées jusque-là parce qu’il y en a jamais eu sauf qu’il y a eu une rencontre entre le Médiateur de la République et le syndicaliste Aboubacar Soumah. On espère que le dialogue ne sera plus interrompu pour aplanir les différends.
Le chef de l’Etat ne vous a-t-il pas proposé une alliance avec la mouvance pour la conquête des exécutifs des mairies?
Oui, il y a eu de demande de ce genre (rires). Bon, sur la question, nous n’étions pas maîtres de la parole parce que nous sommes invités et que nous sommes envoyés par le parti pour écouter. En pareilles circonstances, vous notez tout ce qui est demandé et vous n’avez pas besoin de donner des réponses. C’est ce que nous avons fait. Lorsque le parti va se retrouver, on aura recueilli des données pertinentes du côté du chef de file de l’opposition, du RDIG, de l’UFR et aussi du Président de la République. L’analyse de tout cela, permettra au parti de manière souveraine de prendre la décision. Mais pour l’instant, il n’y a rien qui s’annonce pour des éventuelles alliances.
Peut-on s’attendre à une alliance Ufdg-Ufr-BL pour la conquête des exécutifs des mairies pour parer contre d’éventuelles velléités de modification constitutionnelle en Guinée?
C’est le souhait. Le BL s’est toujours battu pour l’unité de l’opposition même si on n’a pas toujours été compris. Il n’y a pas longtemps qu’on avait entrepris de contact avec les états major pour que l’opposition républicaine qui était le point de ralliement de tous les opposants, finalement désertés soit réunifiée. Cela avait été saboté. Alors, j’espère que, dans ce processus qui est encore loin de se terminer, les orgueils seront mieux gérés pour savoir que petits ou grands, on a besoin chacun de l’autre. Si certains ne sont pas très gourmands pour laisser d’autres affamés, je crois que cela peut se concrétiser par la conquête des mairies. Nous au Bloc libéral, nous avons devant nous un éventail où nous avons des arguments de négociation. Il y a des endroits où on peut apporter notre soutien à quelqu’un pour lui permettre de sortir avec l’exécutif de la municipalité. Il y a également des endroits où nous souhaitons que l’on nous accompagne. Si tout cela est compris et que les uns essaient de percevoir la pertinence de le faire, je crois que ça peut être un début de réunification de l’opposition.
Réalisée par Abdoul Malick Diallo