Le président du Parti Rassemblement pour le développement intégré de la Guinée (Rdig), satisfait de la résolution du contentieux électoral, estime que la nouvelle loi sur la Ceni, bien que contestée, garantit la parité au sein de l’institution. Le député Jean Marc Telliano constate aussi des incohérences dans le projet de loi de fiancé rectificative. Au chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, il conseille de prendre l’exemple sur Alpha Condé prêt à tout pour obtenir ce dont il a besoin.
Quelle est votre appréciation des Accords politiques signés autour du contentieux électoral entre l’opposition et la mouvance présidentielle?
C’est vraiment une satisfaction. Ce n’est ni l’opposition, ni la mouvance présidentielle, mais c’est la Guinée qui a gagné. Nous étions prêts à en découdre avec les forces de l’ordre. Vu les crises qui se sont succédé avec la grève du syndicat et de la société civile et l’opposition encore qui se rajoute ça fait déjà beaucoup. Cette fois-ci ce n’était pas seulement les militants de l’opposition, mais c’est toute la population de Conakry qui était prête à descendre dans la rue et en découdre avec les forces de sécurité. Donc, J’ai beaucoup salué le recul de l’exécutif qui est revenu aux meilleurs sentiments pour que nous puissions trouver cet accord pour que la paix règne dans le pays.
Mais ne reste-t-il pas d’autres points de l’Accord politique du 12 octobre qui ne soient pas encore appliqués?
Oui, il reste des points non encore appliqués de l’Accord politique. Mais je pourrais dire qu’il y a eu des avancées significatives. Parce qu’en vérité si on ne veut pas radicaliser nos positions, pour ce qui est des prisonniers, 70% ont été libérés. Nous avons mentionné dans l’accord qu’on allait chercher une solution idoine pour libérer les trentaines de prisonniers qui restent. Nous avons aussi mentionné l’indemnisation des victimes de pillage. C’est pourquoi d’ailleurs, il y a cette session extraordinaire ouverte lundi 13 août. Vous constaterez même dans la loi de finance rectificative, il y a un budget alloué à la Haute cour de justice, au Haut conseil des collectivités, … C’est la mise en place qui reste. Je pense que dans les jours à venir ces institutions seront mises en place.
Quels sont les changements apportés par la loi de finance rectificative?
J’ai lu le document en diagonal. J’ai constaté la diminution du budget de tous les secteurs sociaux par rapport à la Présidence de la République. Le président prend plus d’un milliard par jour. Alors qu’il y a une diminution de 13,4% pour les secteurs sociaux contre 0,01% pour le budget de la Présidence. Nous allons souligner nos préoccupations en commission ou en inter commission par rapport au projet de loi de finance rectificative.
Pourquoi avoir attendu 6 mois avant de s’entendre avec le pouvoir autour du contentieux électoral?
Nous avons en face un pouvoir qui ne connaît que la démonstration de force. Nous avions pensé qu’en dialoguant, le pouvoir allait nous restituer ce qu’il nous a volé. Avec ce système, il faut la démonstration de force pour être écouté. Ce n’est pas un souhait de recourir aux manifestations pour se faire entendre. Mais si nos revendications constitutionnelles ne sont écoutées, nous sommes obligés de descendre dans la rue.
Que pensez-vous de la nouvelle loi sur la Ceni adoptée par l’assemblée ?
Une loi ne fera jamais l’unanimité. Dans l’ancienne Ceni, on ne pouvait pas parler de parité. Je crois que cette fois ci, nous pouvons compter sur les commissaires que nous allons désigner.
Pourquoi, selon vous, le mouvement social n’a pas pu réussi à imposer au gouvernement la diminution du prix du carburant?
L’attitude du gouvernement est injuste. Le mouvement social s’est affaibli avec des luttes internes pour le leadership. Même le bétail a besoin de leader. Tant que les petites querelles, les bisbilles persistent, il ne faut pas compter sur le mouvement social.
Semble-t-il qu’on s’achemine vers une réconciliation entre Louis Bemba Soumah de l’Ustg et Aboubacar Soumah du Slecg ?
J’étais très content d’apprendre que M. Louis Bemba Soumah qui d’ailleurs a été mon professeur de français à l’université ait adressé un courrier au secrétaire général du Slecg. A mon sens, cette guéguerre entre eux est enterrée. S’ils se donnent la main, ils pourront avoir la force. Mais tant qu’ils sont divisés, ils ne pourront pas abattre ce système corrompu. Vous avez vu déjà que notre port a été bradé. Il faudrait que tous les guinéens se lèvent comme un seul homme pour une désobéissance civile et combattre ce système corrompu.
Vous appelez à combattre ce système pendant que d’autres vous accusent d’être de mèche avec ce pouvoir. Qu’en dites vous ?
D’aucuns ont toujours pensé que je fais les yeux doux au pouvoir, moi je ne fais pas les yeux doux au pouvoir. Je suis un homme véridique.
Comment se porte le Rdig?
Notre parti se porte très bien. Nous avons procédé le samedi passé à la validation des 3 structures centrales. Le Bureau politique national est passé de 22 à 100 membres. Le bureau de la jeunesse de 25 est maintenant à 100 membres. Ainsi que le bureau national des femmes est également passé de 27 à 100 membres. Cela prouve à suffisance que nous sommes en ordre de bataille pour affronter les prochaines échéances électorales à venir, les législatives et ensuite la présidentielle.
Comment comprenez-vous que l’UFR qui se réclame de l’opposition puisse nouer des alliances avec la mouvance présidentielle pour conquérir les mairies?
Les élections communales sont des élections de proximité. Il faut être à l’écoute de la base. L’Ufr a signé des Accords électoraux avec la mouvance, c’est différent des alliances.
Vous auriez donc fait la même chose si l’opportunité se présentait à vous?
On peut faire des Accords électoraux même avec son ennemi si vous savez que quelque part que chacun a besoin de son prochain. Sinon, vous savez la délicatesse qu’il y a entre l’UFR et Alpha Condé. Mais vous savez Alpha Condé quand il a besoin de vous, si vous lui dites de lécher vos pieds, il va le faire. Je veux que mon ami et frère Cellou prenne l’exemple. Quand Sidya était dans l’opposition, il disait qu’il était plus mauvais que Cellou. Vous l’avez vu chez Bah Ousmane, C’est aujourd’hui qu’il reconnaît que l’Upr a mené le même combat que lui. C’est aujourd’hui qu’il reconnaît Bâ Mamadou et Siradiou Diallo. Tout cela ce sont des calculs politiciens. Alpha Condé dort politique, marche politique et pense politique.
Quelle est donc la chance de l’opposition face à lui?
Si ce n’était pas l’opposition, Alpha Condé allait faire du n’importe quoi dans le pays. Vous devez féliciter plutôt l’opposition. Sans le contrepoids de l’opposition, même toi, Alpha Condé allait te vendre.