L’intégration économique et régionale était au centre d’un déjeuner débat organisé par le ministère de la Coopération et de l’intégration africaine, ayant regroupé de membres du gouvernement, de représentants des institutions internationales et du secteur privé.
Parlant des objectifs de la rencontre, la ministre de la Coopération et de l’intégration africaine, Dr Djéné Kéita, explique. “J’ai réuni les spécialistes dans le pays pour qu’on puisse en discuter et voir les intérêts de la Guinée. Notre attente est que les gens soient informés du travail qui est fait par le gouvernement et par les partenaires pour savoir où nous sommes aujourd’hui en matière d’intégration régionale et économique. Vous avez appris ici aujourd’hui que le siège va être basé à Accra au Ghana. On parle de la Zone monétaire Ouest Africaine et, vous savez la Guinée a présidé le conseil de convergence durant toute l’année 2019. Donc, c’était important de partager cet instant pour que le public sache ce qu’on fait. Également, pour que les gens puissent apprendre et nous poser des questions”.
Initialement prévue en 2003, la création de monnaie commune de la Cedeao, en raison des difficultés du respect des critères de convergence, l’échéance a été reportée en 2005, en 2009 puis en 2015 et maintenant a l’horizon 2020.
“L’intégration monétaire va très bien”, rassure la ministre. En fait, tout ne peut pas se faire rapidement. Vous savez, quand on doit réunir plusieurs pays pour nous assurer que nous allons dans un même sens, il faut s’assurer que tous les critères de convergence, tout ce qui nous mette ensemble, va dans le bon sens. Et, c’est cela qui prend du temps. Vous savez, on a des pays de l’UEMOA qui sont dans un régime monétaire commun, et il y a tous les autres pays qui vont avec. Donc, certains de ces pays-là, nous attendons de voir tous les éléments qui nous interpellent et qui nous arrangent pour pouvoir aller ensemble. Mais, cela avance doucement mais surement”.
En faisant l’état des lieux sur l’intégration monetaire en Afrique de l’Ouest, le gouverneur de la Bcrg a évoqué les obstacles et les progrès enregistrés. “La Cedeao a réalisé d’importants progrès en matière d’intégration monétaire, des avancées significatives sont enregistrées avec le choix du nom de la future monnaie commune, Eco, l’adoption du régime de change flexible assorti d’un cadre de politique monétaire axée sur le ciblage de l’inflation et la banque centrale commune”, a expliqué Lounceny Nabé.
Nonobstant ces progrès, le gouverneur a souligné que des difficultés demeurent. “Notamment, en ce qui concerne le respect des critères de convergence et de l’inscription de ce respect dans la durée. Les modalités de passage de monnaie nationale à la monnaie unique, la transition du régime de change fixe vers le régime de change flexible pour les pays de l’Uemoa se présentaient comme autant de problèmes à résoudre”.
Présent à cette rencontre, le représentant résident du Pnud en Guinée, Luc Grégoire, a salué l’organisation d’un tel évènement. “C’est une initiative louable et un enjeu de dialogue, de réflexion stratégique qu’il faut anticiper et conduire des réflexions sur le développement prioritaire pour le pays et pour l’intégration régionale. C’était un moment de partage, d’échanges à haut niveau de thématiques très importantes qui ont été évoquées et animées par la ministre de coopération qui, dès l’entame de son propos, a dessiné l’enjeux de ces rencontres qui permettront d’échanger sur les enjeux de la coopération internationale, sur l’intégration mondiale, sur la dynamique de coopération régionale, l’innovation, les transferts technologiques, le capital humain. Vraiment, des thématiques très riches ont marqué la rencontre”, a-t-il indiqué.
Par définition, l’intégration régionale est la suppression graduelle des frontières économiques, terrestres, maritimes, aériennes et technologiques entre Etats indépendants de sorte que les économies fonctionnent comme une entité unique qui se distingue nettement du reste du monde.
Dans le contexte africain, l’intégration résulte de l’engagement des chefs d’État et de gouvernement fondé sur l’Acte constitutif de l’Organisation de l’unité africaine formalisée par la suite dans le traité d’Abuja de juin 1991 instituant la communauté économique africaine.
Au niveau de l’Afrique de l’Ouest, l’intégration sous-régionnale est fondée sur le Traité de la Cedeao du 28 mai 1975.
Concernant la création de la monnaie commune de la Cedeao, l’idée remonte en 1983 lors de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement tenu à Conakry dont le projet a repris forme en décembre 2000 avec une approche à deux vitesses qui consistaient à créer une seconde zone monétaire regroupant les pays qui n’étaient pas membres de l’Uemoa avec une volonté de faire converger, dans le futur, ces deux ensembles pour construire l’union monétaire de la Cedeao.