On connaît quels seront les résultats définitifs des élections communales. A quelques exception près, les chiffres provisoires seront validés.
Et, comme d’habitude, le vainqueur c’est Alpha Condé «qui se distingue toujours de tout le monde par malice». Et le perdant, le président de l’Ufdg, Cellou Dalein Diallo qui perd toujours les victoires que lui procurent les voix des urnes.
Qu’elle soit dure comme une noix de coco présidentielle, fraiche comme une papaye législative ou fragile comme un œuf communal, l’élection en Guinée est synonyme d’expression patriotique impliquant tout le monde. Le vainqueur est toujours celui-là qui se distingue de tout le monde par malice, qui concasse une noix de coco et casse violemment un œuf. Il lui a toujours suffi de jouer un simple tour avec tout le monde ; les polis et les impolis, les censés, les recensés et les non recensés, les mandants et les mendiants, les larrons et les fanfarons. Tout le monde, et la Guinée reste toujours la même.
Ici, l’élection a toujours tout l’air d’une pagaille entre vieux potes drogués qui se cognent, chahutent et s’échangent de tasses de thé à l’ombre. La campagne est une insolente drague, l’élection est une erreur de blague, le décompte des voix est une affaire de gangs, la publication des résultats est forcément un appel à l’oubli des conneries nationales récidivistes, et toute investiture sent toujours le pissat. Le cousin de Tonton annonce toujours avoir perdu les élections dont le gagnant est toujours le même et on est habitué.
Un bavard avait pourtant annoncé que « celui qui gagne toujours est un voleur ou bien un tricheur ». Un autre bavard avait rétorqué que celui qui perd toujours est un vaurien. Un troisième avait assené que celui qui gagne toujours la même chose au même endroit est un nul. Heureusement qu’aucun des trois bavards n’est Guinéen et que personne d’entre eux ne s’adressait à notre peuple meurtri. D’ailleurs ils ne datent même pas de notre époque. Et alors ?
L’élection nous a fait savoir que Tantie, la voisine de Tonton, est une centriste qui fait le culbute politique, balançant à gauche si le miel y est, ou bien à droite si la sauce y est meilleure et qui reste moitié soi-même (jamais pleine d’elle-même) si personne n’est attirée par son brillant maquillage. Elle est toujours complice des ennemis de Tonton et leur fait toujours la fête dans la clandestinité, ces bafouilleurs, loubards, canailles, mal-nés et amis du vrai-faux changement. La case du cousin a toujours brûlé par euphorie politique, Tonton a toujours tenté de faire le fort, les amis de Tantie la voisine ont toujours fait le pyromane la nuit et le bon sapeur-pompier le lendemain. Le cousin s’est toujours plaint de la même manière (on s’y attendait) et a tellement d’ennemis que des fois c’est Tonton même qu’il accuse de pyromanie. Ça aussi c’est l’élection qui nous l’a montré recto verso.
Malheureusement qu’en Guinée, par patriotisme ou par impérialisme, entre deux élections on pense toujours à une autre élection. Quand-même les leçons sont toujours tirées même si le cours est toujours mal professé. Et alors?
Par Abdoul K. Diallo, libre penseur