Kidnappés dans la nuit du 9 juillet 2024, Foniké Mengué et Billo Bah (tous membres du Front National pour la Défense de la Constitution) sont introuvables. L’ancien ministre de la Citoyenneté et des Droits de l’homme hausse le ton face à ce qu’il qualifie de “continuation des inquiétantes dérives du CNRD dans sa volonté de soumettre son peuple à l’asservissement et à l’arbitraire les plus abjects, pour confisquer sa souveraineté”.
Dans une tribune acerbe publiée ce jeudi 8 août 2024 dans les médias, Kalifa Gassama Diaby s’indigne du sort des Guinéens sous la junte dirigée par le général Mamadi Doumbouya. “Ça y est, la dynamique de la terreur et du chaos voulue par le CNRD est en marche, le sort des Guinéens est désormais suspendu à leur volonté totalitaire et brutale. C’est absolument incroyable et sidérant qu’un État se livre avec cynisme et terreur à des pratiques de kidnappings et de brutalités contre ses propres citoyens… pendant que ceux-ci végètent dans la misère et la désespérance”, s’est-il offusqué.
L’ancien ministre des Droits de l’homme exige la libération des activistes “sains et saufs (…) tout de suite et sans conditions”.
Mohamed Cissé, le seul rescapé du trio, a expliqué dans un témoignage publié par le FNDC que Foniké Mengué, Billo Bah et lui-même ont été arrêtés par des éléments de la gendarmerie et des forces spéciales. À la suite des menaces du Barreau contre la disparition forcée des activistes, le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry s’est défendu en affirmant que la justice n’est pas mêlée à leur arrestation. M. Diaby n’y croit pas. “Le communiqué ubuesque et grotesque du parquet général prêterait à sourire si le sujet n’était pas si grave et si inquiétant. À défaut de nous respecter (on ne s’y attend plus !), qu’ils reconnaissent au moins que nous ne sommes pas des moutons…, encore moins, que nous buvons l’eau par les narines. Le peuple de Guinée n’acceptera jamais cette brutale volonté totalitaire du CNRD”.
Il exhorte le CNRD à respecter les engagements pris au lendemain de son coup d’État. “Sinon, a-t-il averti, construisez bien plus de prisons, planifiez plus d’enlèvements, organisez d’autres kidnappings, intensifiez les violences, préparez plus de tombes, mais jamais les Guinéens ne céderont aux diktats, jamais ils ne reculeront face à vos intimidations, vos violences et autres volontés d’humiliations et d’anéantissements. Nous défendrons ce pays, ce peuple et son désir de libertés et de justice, quoi qu’il en coûte ! Ceux qui dansent sur le corps fumant de tristesse d’un peuple épuisé et désespéré sauront, à leur dépend tôt ou tard, que l’on ne danse pas sur un volcan.”