Alphonse Charles Wright a instruit l’ouverture par les cours et tribunaux des dossiers liés aux crimes de sang dans lesquels Alpha Condé et plusieurs hautes personnalités sont cités. Me Lancinet 3 Sylla avocat au Barreau de Guinée a réagi sur les conditions de mise en exécution des instructions du procureur général près la Cour d’appel de Conakry, ce jeudi 5 mai 2022 sur l’émission les Grandes Gueules de la radio Espace FM.
Lancinet 3 Sylla estime que la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financière n’est pas compétente pour connaître ces événements. Conformément à l’ordonnance qui a créé cette Cour, ses compétences sont limitées: “Les compétences de la CRIEF sont précises. Ce sont des compétences d’ordre économique et financier. On ne peut pas aller au-delà du signataire de cette ordonnance. Les faits pour lesquels ils sont poursuivis, ce sont des infractions contre les personnes. C’est l’aspect infractions contre les biens qui est réservé à la CRIEF. Pour le moment, la CRIEF ne peut pas connaître ces faits”.
À l’absence d’une haute juridiction pour poursuivre ces personnes qui ont occupé les postes plus élevés dans le pays, Me Lancinet 3 Sylla pense que c’est prématuré de prendre un tel acte sans aménagement en terme d’instruments juridique: “Il s’agit des personnes qui ont occupé à un moment des postes très importants, en commençant par le président de la République, les ministres et les directeurs généraux ou des officiers de police judiciaire au sens large du terme. Il s’agit des hautes personnalités.”
Tout en relevant que face à cette situation, c’est un vide juridique qui est là, il rappelle qu’on ne peut pas trimballer le président de la République devant le tribunal du droit commun: “Faut-il traduire le président de la République et les ministres devant les juridictions de base où on trimballe le voleur de cop ou de poulet ? À mon avis, c’est irréfléchi.”
“C’est inapproprié parce que c’est la première personnalité. J’aurais préféré qu’il y ait un aménagement et un amendement des compétences de la CRIEF, pour faire économie de personnes et des finances. L’économie du temps, c’est-à-dire au lieu de créer une juridiction spéciale pour juger le président et les anciens ministres, on apporte un second amendement à la compétence de la CRIEF. La compétence de la CRIEF est matérielle et sur un montant spécifique”, suggère l’avocat.
“Je dis bien une juridiction spéciale à compétence sur la base de la personne. La qualité et non la matière. Les tribunaux de première instance sont compétents pour les crimes du droit commun. Les crimes ordinaires”, conclu Me Lancinet 3 Sylla.