Dans cette interview exclusive accordée à la rédaction de guinee360.com, Mamoudou Diané, vice-président des Guinéens de l’Ukraine vivant à Kharkiv, explique ce qu’il a vécu ces derniers jours avec ses compatriotes en Ukraine avant d’arriver en Pologne. Il parle également de l’équipe de sauvetage mise en place par le gouvernement guinéen. Nous l’avons eu au téléphone ce jeudi 3 mars 2022, huit jours après le lancement de l’offensive de l’armée russe sur Ukraine.
Guinee360: Avez-vous été particulièrement la cible d’attaques militaires ?
Mamoudou Diané : Non ! Mais les bombardements ont commencé vers 4 heures du matin à Kharkiv. On s’est tous dirigés vers la gare ferroviaire. On devait ensuite prendre la voiture, mais impossible à cause des embouteillages. Il fallait donc marcher. Je suis actuellement en Pologne. Je suis arrivé là depuis hier.
Expliquez-nous ce que vous avez vécu ces derniers jours ?
La situation en Ukraine est catastrophique, vraiment. Je ne sais même pas comment vous expliquer. On nous traite d’animaux, on nous traite de chiens, on nous traite de porcs. On nous traite de tout. C’était vraiment dur là-bas. À côté de la peur et de la panique, c’est la ségrégation raciale qui nous a fait souffrir encore. On nous disait même de nous agenouiller à certains endroits notamment près de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne.
Est-ce que l’aide proposée par le gouvernement guinéen est arrivée à point nommé et comment ?
Le gouvernement guinéen fait son mieux. Je le dis en toute sincérité et à voix haute. Depuis les premières heures, le gouvernement est avec nous. Nous, on a marché plus de 60 km, mais je recevais des appels du ministère des Affaires étrangères, des ambassadeurs de la Guinée en Turquie et en Pologne à chaque instant. Ils nous appelaient pour savoir comment nous nous portons. Et nous sommes arrivés, Dieu merci. Il y a d’autres Guinéens certes, mais le gouvernement a rédigé des courriers aux autorités ukrainiennes. Ces courriers, c’était pour faciliter notre passage. Certains Guinéens ont obtenu leur droit de passage avec ces courriers.
Le ministère des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger, par la voix de Morissanda Kouyaté, avait parlé de la location des bus pour faciliter votre évaluation. Est-ce que cela a marché ?
Oui ! Cela a marché dans un premier temps et à certains endroits. Bien avant nous, certains ont traversé par bus. Oui ! Mais les embouteillages et le nombre de bus n’ont pas joué en notre faveur. Toutefois la délégation qui est venue pour l’évacuation dit qu’elle ne se retournerait pas tant qu’il y a un seul Guinéen du côté de l’Ukraine.
Combien de Guinéens sont-ils arrivés en Pologne ?
Je peux vous dire, ceux qui ont été identifiés, il reste quatre Guinéens en Ukraine. Tous les restent sont arrivés en Pologne. Je n’ai pas le chiffre exact. Je connais quand même, il reste quatre Guinéens là-bas parmi ceux qui sont connus.
Il n’y a pas eu de morts ou des blessés parmi les Guinéens ?
Non ! Il n’y a pas eu des morts. Certains étaient épuisés sous l’effet de la fraîcheur, le manque de nourriture, le stress et la fatigue. Les gens tombaient en cours de route. Moi-même ça a été mon cas. Cependant, on doit vraiment remercier l’État guinéen. Je vais souligner que parmi tous les États africains, c’est seulement le gouvernement guinéen qui a dépêché une équipe de sauvetage pour ses compatriotes. Il y avait des Ivoiriens, des Maliens qui suppliaient nos amis pour monter dans les premiers bus.
Interview réalisée par Saïdou 2 SOW