Le comité de veille sur les discours de haine, de violence et de discrimination mis en place par le ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté, Kalifa Gassama Diaby, s’est réuni vendredi 2 mars à Conakry.
Cette rencontre a connu la présence des cadres de la société civile, de certains partis politiques et des représentants des coordinations régionales. Au cours de cette rencontre, le ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté a expliqué les objectifs de ce comité de veille.
« Le comité de veille est composé de deux structures : une structure technique et une structure éthique. La première aura pour mission de veiller, de collecter les propos qui incitent à opposer les uns aux autres, ou qui incitent une partie de la population guinéenne à recourir à la violence contre une autre partie des citoyens. Cette commission technique sera appuyée par la Haute Autorité de la Communication (HAC) qui dispose des dispositifs techniques permettant de surveiller aussi bien au niveau des médias audiovisuels, de la presse écrite ainsi que sur les réseaux sociaux », a fait savoir le ministre Gassama Diaby avant de préciser que «l’objectif de ce comité de veille n’est absolument pas d’empêcher le débat politique et démocratique, ce n’est pas non plus d’empêcher la dénonciation de toutes les formes d’injustice, mais c’est d’empêcher la promotion de la violence et de la haine. Lorsque cette commission technique fait son travail et trouve à travers les médias, les réseaux sociaux des preuves qui incitent à la violence, à la haine, elle transmettra ses preuves matérielles à la deuxième commission, qui est la commission éthique.»
La deuxième commission, qui est éthique, dit-il, est composée des représentants des quatre coordinations régionales, des activistes de la société civile mais aussi de certains partis politiques.
Ceux qui tiendront des responsables de haine ou d’incitation à la violence auront deux choix devant la commission d’éthique. «La personne, si elle le souhaite, peut venir librement rencontrer la commission éthique qui lui confrontera avec ses propos. La commission lui proposera alors deux options. La première c’est une excuse publique à adresser non pas à la commission, mais à la nation et au peuple de Guinée par communiqué ou par déclaration par la même voix à travers laquelle les propos ont été tenus. En plus, la commission conseillera à cette personne de faire un engagement civique qui consiste à aller, soit dans les médias, soit dans les écoles, soit dans une ONG, expliquer ce qui lui est arrivé sous l’effet de la colère et les conseiller de réfléchir avant de tenir des propos publics. Mais si la personne concernée refuse d’accepter le conseil, c’est en ce moment que la commission décidera de saisir le ministère de la justice.»
Parlant de son fameux fichier, qui a déjà eu des clients, Kalifa Gassama Diaby explique pourquoi il a décidé la création d’un tel fichier : «Ce que nous assumerons, c’est l’inscription sur un fichier des personnes porteuses de propos incitant à la violence, à la haine inter ethnique ou à la discrimination. Ce mécanisme d’inscription relève de nous. Ce fichier est fait pour l’histoire, il n’est pas fait contre une personne. Je ne le fais pour aucun autre intérêt que celui de l’intérêt du peuple et de la nation guinéenne. C’est pour pouvoir montrer demain, lorsque cela serait nécessaire, ce témoignage historique pour dire voilà ce qui nous a emmenés là.»
Il conclut en disant que si des responsables politiques et publics ne sont pas jugés pour leurs actes, on ne peut pas parler de justice, puisque la justice est faite pour tout le monde.